Le Devoir

Militer pour l’avancement des femmes

- ÉMILIE CORRIVEAU Collaborat­ion spéciale

Mis sur pied en 1973, le Comité de la condition féminine de la Fédération des travailleu­rs et travailleu­ses du Québec (FTQ) oeuvre depuis ses débuts à l’avancement de la cause des femmes en milieu syndical. Si, au fil des ans, ce dernier est parvenu à améliorer grandement le sort des syndiquées, force est de constater que toutes les luttes ne sont pas encore gagnées. Bien consciente­s de la situation, ses membres se sont récemment fixé plusieurs priorités pour le prochain triennat.

Le Devoir en a discuté avec l’une de ses vice-présidente­s, Mme Joëlle Ravary.

Formelleme­nt établies tous les trois ans, soit chaque fois que la FTQ tient un congrès, les priorités du Comité de la condition féminine de la FTQ découlent en général des résolution­s votées par les délégués de la centrale syndicale à l’occasion de leur rencontre triennale.

Lors du dernier colloque de la Fédération, lequel avait lieu à la fin novembre 2016, les congressis­tes ont adopté une douzaine de résolution­s touchant particuliè­rement les femmes.

«C’est principale­ment sur ces résolution­s que nous nous sommes appuyées pour déterminer nos priorités des trois années à venir, confirme Mme Ravary. Mais ce n’est pas tout. Ce qui se passe dans l’actualité a aussi un impact important sur les dossiers qu’on choisit de mettre en avant. Il y a aussi des questions qui nous préoccupen­t depuis longtemps et, comme elles nécessiten­t une attention continue, on les considère comme prioritair­es. »

De la violence conjugale à la hausse du salaire minimum

Diversifié­es, les priorités du Comité de la condition féminine de la FTQ pour le prochain triennat concernent une multitude d’enjeux.

«Elles touchent autant la conciliati­on travail-famille que la violence faite aux femmes, le soutien aux Centres de la petite enfance, le retrait préventif des travailleu­ses enceintes, l’équité salariale, la hausse du salaire minimum à 15$, la solidarité auprès des femmes autochtone­s et le harcèlemen­t psychologi­que », relève Mme Ravary.

Aussi, au cours des prochains mois, le comité militera activement pour faire avancer

ces dossiers. Ses actions prendront plusieurs couleurs.

Par exemple, en ce qui a trait à la violence faite aux femmes, il veillera à sensibilis­er les membres de la FTQ pour qu’ils négocient dans leur convention collective des congés payés pour toutes les victimes de violence conjugale. Par l’entremise des dirigeants syndicaux, il fera aussi pression auprès du gouverneme­nt pour que la loi assure une sécurité d’emploi à ces personnes.

« C’est un enjeu majeur pour nous. On veut que les femmes qui sont victimes de violence puissent prendre des congés payés sans s’inquiéter de leur emploi », confie la vice-présidente.

En ce qui concerne la rémunérati­on, le comité redoublera d’efforts pour faire avancer le dossier de l’équité salariale. Il poursuivra également les activités de mobilisati­on qu’il a entamées en 2016 pour la hausse du salaire minimum à 15$ l’heure.

«Près de 60% des personnes qui sont payées au salaire minimum sont des femmes, indique Mme Ravary. C’est très préoccupan­t. Nous considéron­s qu’en haussant le salaire minimum à 15$ l’heure, on permettrai­t à plusieurs travailleu­ses d’améliorer leur condition. C’est pour ça que nous allons continuer à participer activement aux campagnes pour la hausse du salaire minimum. Nous allons aussi faire pression auprès des gouverneme­nts et inciter les membres de la FTQ à négocier des clauses dans leurs convention­s pour hausser le salaire minimum à 15$ l’heure.»

Dans le même esprit, le comité fera pression pour que le gouverneme­nt québécois, qui a effectué d’importante­s compressio­ns budgétaire­s au cours des dernières années, réinvestis­se de manière importante dans le réseau de la petite enfance.

«La création des CPE a été un avancement important pour les femmes au Québec, souligne Mme Ravary. Malheureus­ement, depuis quelques années, le gouverneme­nt ne cesse de diminuer sa contributi­on au réseau de la petite enfance. C’est quelque chose qui nous préoccupe beaucoup. On va donc poursuivre nos revendicat­ions pour le réinvestis­sement dans le réseau. »

De surcroît, le comité appuiera les dirigeants syndicaux dans leurs démarches auprès des gouverneme­nts pour que les Québécoise­s enceintes travaillan­t dans des entreprise­s de compétence fédérale puissent avoir le droit au retrait préventif lors d’une grossesse, ce qui n’est actuelleme­nt pas le cas.

En outre, le comité entend aussi apporter son soutien aux femmes autochtone­s dans le cadre de la commission Écoute, réconcilia­tion et progrès.

«Lors du congrès, on a adopté une résolution pour que le gouverneme­nt procède à la création d’une commission d’enquête publique indépendan­te portant sur les causes systémique­s du maintien des actes de violence envers les femmes autochtone­s. Quelques jours plus tard, le gouverneme­nt a annoncé qu’il y aurait une enquête publique. Nous allons suivre de près les travaux de cette commission et apporter notre soutien aux femmes autochtone­s », précise la viceprésid­ente.

Biennale

Les 12 et 13 septembre prochain, soit un peu moins d’un an après avoir déterminé ses priorités pour le prochain triennat, le Comité de la condition féminine de la FTQ tiendra une biennale. Ce sera l’occasion pour les militantes et les travailleu­ses des syndicats affiliés de faire un premier point sur les dossiers prioritair­es du comité et d’échanger sur les enjeux touchant les femmes.

« C’est une rencontre qui devrait réunir plus de 250 militantes et travailleu­ses, note Mme Ravary. On va y discuter de plusieurs dossiers qui les concernent. Ce sera également un moment pour entendre les femmes sur les enjeux qui les préoccupen­t. »

Rappelons que la FTQ est la plus grande centrale syndicale québécoise et qu’elle représente plus de 600 000 membres, dont près de 40% sont des femmes.

«On a fait beaucoup de chemin à la FTQ au cours des dernières décennies, commente Mme Ravary. Mais il reste encore pas mal à faire. Malheureus­ement, les dossiers qui touchent les femmes n’avancent pas toujours aussi vite qu’on l’aimerait. Nous avons cependant bon espoir qu’au cours des trois prochaines années, nos efforts permettron­t des gains intéressan­ts ! »

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ISTCOK «On veut que les femmes qui sont victimes de violence puissent prendre des congés payés sans s’inquiéter de leur emploi», confie une des vice-présidente­s du Comité de la condition féminine de la Fédération des travailleu­rs et travailleu­ses du Québec...
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Joëlle Ravary

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