Transformation de conflits
Margie Gillis travaille également depuis des années en résolution de conflits, une part de sa carrière moins connue. «Nous parlons plutôt de transformation de conflits, et j’adore ce nouveau terme, puisque les conflits font et feront toujours partie de la vie, que rien ne sert de chercher à les éradiquer, et qu’ils vont se transformer plus souvent que se résoudre entièrement. On peut changer la perspective, le contexte, faire glisser l’énergie dans une autre direction ou une autre dynamique, faire glisser les circonstances afin que de la santé puisse en naître. »
Toute la philosophie de sa danse est axée sur la résolution de problèmes et la curiosité, indique la chorégraphe et interprète. Et c’est dans une classe pour adolescents, à Drummondville, elle s’en souvient clairement, qu’elle a commencé en enseignement à développer une méthode. «Les garçons, on le voyait, étaient très en colère, frustrés, emplis de testostérone, apeurés par leur propre puissance, par sa possible explosion. Et la classe comprenait aussi plusieurs filles, plutôt petites, menues, presque fragiles. J’ai commencé à développer ces exercices physiques pour que les garçons puissent comprendre, concrètement, comment utiliser leur puissance, la suivre, ce qui leur a donné la possibilité de la nuancer. »
Un exemple concret ? En duo, chacun cherche à bouger « dans l’espace où l’autre n’est pas » ; en restant en relation, toujours indirectement, en occupant les espaces négatifs, chacun peut y aller de sa propre énergie. Et cette colère ensuite peut être utilisée, c’est une grande énergie. Un immeuble à démolir ? «Ce serait merveilleux de pouvoir lâcher la colère et la puissance refoulées», indique Mme Gillis. Et quand on sait la grâce avec laquelle l’artiste accueille — le terme est choisi… — les contrecoups, que ce soit lors d’une entrevue très hostile à Sun News ou lors de la dépossession de la musique d’un de ses solos, on ne peut qu’accorder crédit à sa théorie.