Le Devoir

Québec corrige le tir

- AMÉLIE DAOUSTBOIS­VERT

Le MSSS invite les établissem­ents de santé à traiter « correcteme­nt » les femmes médecins qui font une demande de congé de maternité.

En réaction à une pétition signée par plus de 2000 médecins et à un article du Devoir où des médecins dénonçaien­t la discrimina­tion dont elles s’estiment victimes, le sous-ministre au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), Michel Bureau, a envoyé une note aux directeurs des services profession­nels des établissem­ents, le 10 mars dernier.

« Assurez-vous que vos collègues traitent correcteme­nt la famille […] quand des collègues partent en congé de maternité », indique-t-il dans cette note obtenue par Le Devoir. « Je ne doute pas qu’il y ait eu des pressions indues sur nos collègues médecins femmes. Cela ne doit pas exister », ajoute-t-il.

Toutefois, il « faut continuer de limiter les remplaceme­nts», maintient-il. Les médecins s’absentent parfois pour des «raisons discutable­s», avance-t-il, mentionnan­t des « vacances déguisées » en congrès, par exemple. «On n’a pas assez de [diplômés] pour remplacer tout médecin qui s’absente», justifie le sous-ministre.

Selon les femmes médecins qui ont fait circuler la pétition, cette directive limitant les remplaceme­nts, qui doivent dorénavant tous être autorisés par un nouveau comité au MSSS, a comme effet collatéral de limiter leur accès au congé de maternité, car leurs collègues doivent pallier leur absence.

La CAQ demande le retrait de la directive

Après la publicatio­n d’un premier article, d’autres femmes médecins ont témoigné anonymemen­t des situations discrimina­toires auxquelles elles ont dû faire face.

L’une d’entre elles, une médecin spécialist­e, a même mentionné qu’un établissem­ent où elle convoitait un poste lui avait clairement fait savoir que l’embauche d’hommes était favorisée.

Les remplaceme­nts pouvant être refusés, les médecins de cet établissem­ent ne voulaient pas voir leur tâche augmenter ou leurs vacances mises en péril en raison de la grossesse d’une collègue, lui a-t-on fait comprendre.

La députée de la Coalition avenir Québec (CAQ) Sylvie d’Amours dénonce la situation. «On n’a pas de permission à demander pour prendre son congé de maternité », s’indigne-telle. «Je m’interroge, aurait-on vu une telle situation si notre ministre de la Santé avait été une femme?»

À la période des questions à l’Assemblée nationale, mardi, elle a demandé au ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, de retirer la directive litigieuse.

Ce dernier a réitéré que son ministère n’était pas responsabl­e de la situation, mais que, à son propre étonnement, au moins un groupe de médecins avait voté des règles limitant la durée des congés de maternité dans leur hôpital. Une situation qui «ne fait pas mon affaire», a assuré M. Barrette. « Il n’y en a pas, de directive », a-t-il martelé.

Assurez-vous que vos collègues traitent correcteme­nt la famille […] quand des collègues partent en congé de maternité

Michel Bureau, sous-ministre au ministère de la Santé et des Services sociaux

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EVA KATADIN KONDOROS GETTY IMAGE Plus de 2000 femmes médecins ont signé une pétition pour dénoncer la discrimina­tion dont elles s’estiment victimes en raison d’une directive limitant les remplaceme­nts.

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