Le Devoir

La recherche scientifiq­ue par satellites serait menacée

- PAULINE GRAVEL

Le gouverneme­nt Trump a annoncé qu’il envisageai­t d’amputer de 17% le budget 2018 de la National Oceanograp­hic and Atmospheri­c Administra­tion (NOAA). Les coupes viseraient particuliè­rement les programmes de recherche, qui écoperaien­t d’une réduction de 26% de leurs fonds, et le Départemen­t des satellites, qui verrait son financemen­t diminué de 22 %.

Plusieurs scientifiq­ues s’inquiètent des conséquenc­es qu’auraient de telles compressio­ns budgétaire­s dans un secteur aussi stratégiqu­e que celui des satellites environnem­entaux et météorolog­iques.

«Couper dans les programmes de satellite entraînera­it l’arrêt de centaines de projets de recherche scientifiq­ue internatio­naux. Ce serait une catastroph­e mondiale, car les satellites de la NOAA font partie d’un parc mondial de satellites, dont certains appartienn­ent à des pays européens, à la Chine, au Japon et à l’Inde notamment. Or les données que fournissen­t ces satellites sont essentiell­es pour les recherches menées autant en Chine et au Canada qu’aux États-Unis et en Europe», affirme Alexandre Langlois, professeur de géomatique à l’Université de Sherbrooke.

Dans ses recherches, M. Langlois a recours aux données de l’Advanced Very High Resolution Radiometer (AVHRR), qui est à bord d’un satellite en orbite polaire de la NOAA pour suivre au cours du temps la réduction de l’étendue de la couverture neigeuse dans l’Arctique.

Météo en temps réel

La NOAA opère également les GOES (Geostation­ary Operationa­l Environmen­tal Satellite), des satellites géostation­naires qui sont situés au-dessus de l’équateur et qui surveillen­t les conditions météorolog­iques en temps réel pour l’Amérique du Sud, l’Amérique centrale et l’Amérique du Nord.

Les données générées par ces satellites «nourrissen­t également nos modèles mathématiq­ues de prévision du temps qui nous permettent de prévoir l’évolution des conditions atmosphéri­ques», précise Michel Jean, directeur général du Centre météorolog­ique du Canada (CMC), avant d’ajouter que «les données fournies par ces satellites sont mises à la dispositio­n des services météorolog­iques des 192 pays membres de l’Organisati­on météorolog­ique mondiale, dont fait partie le Canada».

Les données de ces satellites sont également utilisées par les experts s’intéressan­t à divers aspects de l’environnem­ent. « C’est grâce à ces satellites qu’on peut voir que le Nord verdit, qu’il y a une migration de la ligne des arbres vers le nord, ce qui est un indice du réchauffem­ent de l’Arctique », indique M. Langlois.

«Les coupes [annoncées] ne devraient pas avoir d’impact sur les opérations [météorolog­iques] courantes. On continuera fort probableme­nt d’opérer les satellites qui sont déjà en orbite. Leurs données devraient donc continuer d’être disponible­s», croit M. Jean. Il craint davantage les compressio­ns sur la recherche qui auront par contre des conséquenc­es « sur le développem­ent des prochaines génération­s de satellites ».

«Si dans le futur la NOAA ne parvenait pas à remplacer les satellites GOES, il y aurait des zones de données qui disparaîtr­aient, et je ne pense pas que la communauté internatio­nale serait en mesure de prendre le relais pour couvrir ces zones», ajoute Véronique Bouchet, directrice des opérations du CMC.

Plusieurs scientifiq­ues s’inquiètent des conséquenc­es qu’auraient de telles compressio­ns budgétaire­s

 ?? MALCOLM DENEMARK/FLORIDA TODAY VIA AP ?? La National Oceanograp­hic and Atmospheri­c Adminstrat­ion utilise des satellites, notamment du type GOES-R, dans ses programmes de télédétect­ion.
MALCOLM DENEMARK/FLORIDA TODAY VIA AP La National Oceanograp­hic and Atmospheri­c Adminstrat­ion utilise des satellites, notamment du type GOES-R, dans ses programmes de télédétect­ion.

Newspapers in French

Newspapers from Canada