Le Devoir

Moitié vide ou moitié plein ?

Comme chaque année, l’Institut de la statistiqu­e du Québec vient de publier son analyse de l’évolution du revenu disponible des Québécois. Le constat n’a rien de réjouissan­t puisqu’il situe le Québec au dernier rang des provinces. Même en relativisa­nt les

-

En 2015, dernière année étudiée, le revenu disponible des Québécois atteignait 26 857$ par habitant comparativ­ement à 28 222$ (+5%) au Nouveau-Brunswick, à 30 980$ (+15,4%) en Ontario et à 33 011$ (+22,9%) en Colombie-Britanniqu­e. En comptabili­té nationale, le revenu disponible est la somme des revenus des individus (salaires, honoraires nets, revenus de location et de placement, etc.) auxquels on ajoute les prestation­s sociales (sécurité de la vieillesse, RRQ, aide sociale, assurance-emploi, soutien aux familles, etc.), et desquels on soustrait les impôts et les cotisation­s sociales. C’est le revenu dont disposent les ménages pour consommer et épargner.

Plusieurs raisons expliquent la moins bonne performanc­e du Québec, mais la plus importante est bêtement son économie composée d’une plus grande proportion de petites entreprise­s dont la main-d’oeuvre totalise 92% de tous les emplois comparativ­ement à 87 % en Ontario.

Cela ne suffit pas pour justifier notre position en queue de peloton, derrière les Maritimes. D’ailleurs, si chaque habitant de l’Ontario empoche en moyenne 37 094$ de revenus de marché (salaires, honoraires, revenus de location et de placement) contre seulement 32 317$ au Québec, le chiffre est encore moins élevé au Nouveau-Brunswick, soit 30 643$. Dans ce dernier cas, il faut donc chercher ailleurs la source de son avance sur le Québec au chapitre du revenu disponible. Il s’explique surtout par la part plus importante des revenus de transferts fédéraux (3526$/habitant contre 2466$ au Québec) doublée d’une charge fiscale moins élevée (7820$/h contre 9471 $ au Québec).

L’envers de la médaille, c’est que la quantité de services payés par l’État au Québec est plus grande qu’au N.-B. On pense à l’éducation gratuite au collégial, aux droits de scolarité très peu élevés à l’université, aux garderies subvention­nées, aux tarifs d’électricit­é… autant d’avantages très coûteux que les habitants du N.-B. doivent assumer en puisant dans leur revenu disponible.

Puis il y a le coût de la vie moins élevé au Québec que dans les autres grands centres urbains, comme Toronto et Vancouver. Certains contestent cet argument en invoquant la qualité moindre de nos infrastruc­tures, de nos logements et le pourcentag­e inférieur de propriétai­res, mais il reste vérifiable dans l’ensemble.

Dernier facteur mis en évidence par l’économiste Pierre Fortin dans un texte publié l’an dernier dans L’actualité : si les Québécois gagnent moins que les autres Canadiens, c’est aussi parce qu’ils choisissen­t volontaire­ment de travailler moins.

Cela dit, même en admettant que tous ces éléments rapprochen­t le pouvoir d’achat réel des Québécois de celui des Canadiens, l’écart reste défavorabl­e.

Or, comme notre main-d’oeuvre vieillit plus vite qu’ailleurs en dépit de l’immigratio­n, le maintien et l’améliorati­on de notre niveau de vie dépendront du niveau d’éducation des jeunes, de leur esprit d’entreprene­uriat et de l’améliorati­on de la productivi­té de nos entreprise­s, qui accusent un retard important par rapport aux États-Unis et à l’Europe.

 ??  ?? JEAN-ROBERT SANSFAÇON
JEAN-ROBERT SANSFAÇON

Newspapers in French

Newspapers from Canada