Le Devoir

L’ombre du PTP plane sur Santiago

Une coalition exhorte les ministres réunis au Chili à ne pas se servir du défunt Partenaria­t transpacif­ique pour façonner un nouvel accord de libre-échange

- FRANÇOIS DESJARDINS

Caduc depuis le soir des élections américaine­s, l’accord du Partenaria­t transpacif­ique (PTP) ne devrait pas servir de base à un traité unissant les autres signataire­s et de nouveaux membres, plaide une coalition internatio­nale qui inclut plusieurs organisati­ons canadienne­s.

Au moment où le Chili accueille une table ronde de représenta­nts d’une quinzaine de pays de la région Asie-Pacifique, dont le Canada, le Mexique, le Japon, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud et la Chine, les groupes invitent, dans une lettre ouverte aux ministres du Commerce, à reconnaîtr­e l’échec du modèle du PTP et à chercher «d’autres approches».

La lettre porte plus de 200 signatures, provenant de centrales syndicales, de groupes environnem­entaux, d’associatio­ns communauta­ires et de regroupeme­nts de la société civile. Parmi les représenta­nts canadiens figurent OpenMedia, Unifor, la CSN, l’Union paysanne et le Conseil des Canadiens, lequel a vu le jour dans les années 1980 en réaction à l’accord de libreéchan­ge avec les États-Unis.

«Nous croyons qu’il est inacceptab­le que les règles du PTP soient utilisées comme modèle pour façonner de futures négociatio­ns, qu’elles soient bilatérale­s, régionales ou multilatér­ales, y compris à l’Organisati­on mondiale du commerce (OMC)», ont écrit les signataire­s. Selon eux, le PTP aurait diminué la marge de manoeuvre des gouverneme­nts au chapitre de l’accès aux médicament­s, des droits de la personne, de la stabilité du système financier et de la lutte contre les changement­s climatique­s.

Le PTP, qui comptait 12 pays, avait fait dire au Centre canadien des politiques alternativ­es l’an dernier qu’il pouvait « accroître la dépendance du Canada à l’égard des exportatio­ns de ressources premières ou semi-transformé­es». De son côté, l’institut C. D. Howe avait calculé qu’il augmentera­it de 0,08% le produit intérieur brut canadien d’ici 2035.

Rôle de la Chine

Le retrait des États-Unis après l’élection de Donald Trump lui a porté un coup fatal. Une des questions qui retiennent l’attention, depuis, concerne le futur rôle que pourrait jouer la Chine, qui ne figurait pas dans les membres du traité et qui n’a jamais particuliè­rement caché son bonheur de voir le PTP disparaîtr­e.

Dans la foulée de l’élection d’un Donald Trump faroucheme­nt protection­niste à la présidence américaine, le président chinois, Xi Jinping, avait affirmé : « Nous n’allons pas fermer la porte, mais l’ouvrir encore plus largement.» Et il avait ajouté : «Nous allons pleinement nous investir dans la mondialisa­tion en soutenant le commerce multilatér­al.»

Un monde sans PTP

Le rendez-vous au Chili est perçu comme une façon d’imaginer la suite des choses dans un monde sans PTP. Selon les médias sur place à Santiago, la capitale du pays, la Chine, deuxième économie mondiale derrière les États-Unis, ne s’est pas rendue sur place dans le but de ressuscite­r l’accord. Selon les dires d’une porte-parole chinoise citée par l’agence de presse Reuters au début de la rencontre, le pays souhaite discuter de « l’intégratio­n de l’Asie-Pacifique » et « échanger des idées générales». « L’idée n’est pas d’avoir une rencontre sur le PTP», a dit la porteparol­e du ministère des Affaires étrangères.

Le Canada y est représenté par le ministre du Commerce internatio­nal, François-Philippe Champagne. La MaisonBlan­che participe également à la réunion.

Plusieurs pays présents participen­t déjà au projet commercial du Partenaria­t économique régional global (RCEP). Celui-ci regroupe les membres de l’ASEAN plus la Chine, la Corée du Sud, le Japon, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et l’Inde.

Le rendez-vous doit prendre fin aujourd’hui.

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