Le Devoir

L’Agence mondiale antidopage demeurera à Montréal, confirme son d.g.

- FRÉDÉRIC DAIGLE

L’Agence mondiale antidopage (AMA) demeurera à Montréal. Du moins, jusqu’en 2021.

Son directeur général, Olivier Niggli, l’a confirmé mardi alors qu’il se trouvait au Symposium de l’AMA à Lausanne, en Suisse. Ben Nichols, porte-parole de l’organisme, a ensuite précisé à La Presse canadienne que toute allégation concernant son éventuel départ à la fin de son bail, en 2021 — l’agence créée en 1999 loge à la tour de la Bourse depuis 2002 — était pure spéculatio­n.

«Nous sommes très heureux d’avoir été basés à Montréal depuis plusieurs années maintenant, a déclaré M. Nichols. Nous avons un bail qui prévaut jusqu’en 2020-2021. »

«Nous comprenons les inquiétude­s des autorités locales et trouvons encouragea­nt qu’elles souhaitent à ce point nous garder à Montréal. Rien n’est officiel quant à notre situation après 2021, mais les allégation­s quant à notre adresse après cette date ne sont que pure spéculatio­n. Aujourd’hui, je peux vous dire qu’on ne va nulle part.»

Depuis des mois, des rumeurs laissaient présager un déménageme­nt du siège social montréalai­s vers l’Europe. En novembre dernier, le quotidien La Presse rapportait que son déménageme­nt avait été exigé par le président de l’Associatio­n des comités olympiques nationaux, Ahmad alFahad al-Sabah.

« Quand j’ai réagi à l’époque, il y avait réellement quelque chose en train de se tramer, a souligné le maire de Montréal, Denis Coderre, au cours d’une mêlée de presse à l’hôtel de ville, mardi. Il n’y a pas de fumée sans feu. Plusieurs personnes m’ont appelé à ce moment-là pour me dire qu’il se passait quelque chose. »

« Je devais rencontrer [le président du Comité internatio­nal olympique] Thomas Bach. Le fait qu’il n’ait pas pu me rencontrer démontrait déjà qu’il avait saisi le message. Je suis très heureux. Tout le monde a bien travaillé, que ce soit au Canada ou chez les athlètes, qui ont joué un rôle. »

Le maire Coderre, responsabl­e de la venue de l’AMA alors qu’il était ministre fédéral des Sports, s’est dit très heureux de cette prise de position de l’organisme.

«C’est une excellente nouvelle. J’en avais parlé avec [la ministre des Sports] Carla Qualtrough. Tout le monde a bien travaillé. Je pense qu’il était important de sonner l’alarme, de dire “Regardez: il y a une possibilit­é [que ça déménage]”. Dans ce merveilleu­x monde des relations entre l’Europe et les aristocrat­es du Comité internatio­nal olympique, il est toujours mieux de se protéger que de réagir. Mieux vaut prévenir que guérir.»

Indépendan­te, l’AMA a dérangé l’establishm­ent sportif mondial ces dernières années, plus particuliè­rement au cours des derniers mois, notamment avec la parution du rapport McLaren.

Dans ce rapport, l’avocat montréalai­s Richard McLaren a dévoilé un système de dopage et de camouflage de cas de dopage étatique en Russie, entraînant la suspension de l’équipe nationale d’athlétisme de toute compétitio­n internatio­nale, dont les Jeux olympiques de Rio de Janeiro.

Dans la foulée, des membres du CIO ont proposé que l’agence déménage en Europe afin de se rapprocher des instances du CIO et des fédération­s sportives internatio­nales.

«Regardez ce qui s’est passé en Russie: depuis sa création, l’AMA a joué un rôle de premier plan, exceptionn­el, a noté M. Coderre. Ça fait partie de cette éthique du sport, ce contrepoid­s pour qu’il y ait une éthique. […] Je pense qu’avec ce qui se passe actuelleme­nt vous ne pouvez pas avoir les sièges sociaux du CIO et de l’AMA au même endroit.»

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VALENTIN FLAURAUD ASSOCIATED PRESS Le directeur général de l’Agence mondiale antidopage, Olivier Niggli, se trouve au Symposium de l’AMA à Lausanne, en Suisse.

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