Le Devoir

Trump se fait encore bloquer

- SÉBASTIEN BLAN SHAHZAD ABDULUSA

Un juge fédéral américain a bloqué mercredi, pour l’ensemble des États-Unis, la deuxième version du décret anti-immigratio­n de Donald Trump, infligeant un nouveau revers judiciaire au président républicai­n sur une des mesures phares de sa présidence.

À quelques heures seulement de l’entrée en vigueur du nouveau texte, qui avait pourtant été expurgé de ses éléments les plus contestés, le magistrat d’Hawaï Derrick Watson a expliqué dans son jugement que la suspension temporaire du décret éviterait un « préjudice irréparabl­e».

Le juge Watson s’appuie notamment sur plusieurs déclaratio­ns de Donald Trump à l’égard des musulmans pour conclure que le décret comporte «des preuves significat­ives et irréfutabl­es d’animosité religieuse ».

Deux autres audiences

Le texte controvers­é, qui bannit l’entrée des États-Unis aux ressortiss­ants de six pays musulmans, devait entrer en vigueur mercredi à minuit, heure de Washington. Deux autres audiences se sont également déroulées mercredi sur les deux côtes américaine­s, donnant lieu à de vives joutes sur ce décret migratoire.

À Greenbelt, ville du Maryland, dans l’est des États-Unis, le juge Theodore Chuang avait été saisi par une coalition d’organisati­ons de défense des libertés et des réfugiés, dont la puissante American Civil Liberties Union (ACLU), qui affirment que le décret vise de façon discrimina­toire les musulmans.

«Dans l’esprit [de M. Trump], le danger associé aux musulmans et le danger associé aux réfugiés ne sont qu’un seul et même danger», a dénoncé Omar Jadwat, l’avocat de l’ACLU.

Le nouveau décret «ne fait aucune distinctio­n entre les religions», a répliqué Jeffrey Wall, l’avocat du gouverneme­nt.

Le second décret bloqué prévoyait de fermer temporaire­ment les frontières américaine­s aux réfugiés du monde entier et de suspendre l’octroi de visas durant 90 jours pour les ressortiss­ants d’Iran, de Libye, de Syrie, de Somalie, du Soudan et du Yémen.

Premier décret

Cette mesure, qui ne concerne plus l’Irak et qui exempte les détenteurs de visas et de «cartes vertes», sésame des résidents permanents, était pourtant atténuée par rapport au premier décret adopté le 27 janvier.

Celui-ci avait brusquemen­t semé le chaos dans les aéroports et suscité des réactions outrées à l’étranger. Son applicatio­n avait été bloquée le 3 février.

Ces derniers jours, le président et ses principaux ministres, Rex Tillerson (Affaires étrangères), Jeff Sessions (Justice) et John Kelly (Sécurité intérieure), ont défendu un texte « vital » pour la sécurité nationale, face à des menaces ne cessant selon eux d’évoluer. Mais les opposants au décret ne sont pas convaincus de cette urgence.

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