La Fed hausse ses taux.
La Réserve fédérale américaine a relevé ses taux d’intérêt d’un quart de point. Deux autres augmentations devraient suivre d’ici la fin de l’année.
La banque centrale américaine (Fed) a relevé ses taux directeurs mercredi pour la deuxième fois depuis l’élection de Donald Trump en novembre, marquant sa confiance dans la solidité de l’économie américaine tout en restant prudente.
À l’issue d’une réunion de deux jours à Washington, son comité de politique monétaire (FOMC) a augmenté d’un quart de point de pourcentage la fourchette de son taux interbancaire au jour le jour, qui évoluera désormais entre 0,75 % à 1 %.
Conformément aux attentes des analystes, la Fed relève donc le coût du crédit aux États-Unis pour la troisième fois depuis l’éclatement de la crise financière de 2008, qui l’avait contrainte à mettre en place une politique sans précédent de taux zéro pour stimuler la reprise.
Dans son communiqué, le FOMC justifie cette décision en se félicitant que le marché du travail ait continué à se renforcer au cours des dernières semaines et que l’activité économique
« Les gains d’emplois sont restés solides Extrait du communiqué du FOMC
dans son ensemble connaisse toujours une expansion à un rythme modéré. La Fed souligne également que la consommation des ménages, moteur de la croissance, a continué à progresser et relève que l’investissement des entreprises, point noir de l’économie américaine ces derniers mois, semble s’être quelque peu raffermi.
Ce dernier point devrait mettre du baume au coeur de Donald Trump, qui se targue, depuis son élection, d’avoir obtenu de plusieurs grandes entreprises la promesse d’engager des investissements massifs aux États-Unis. Toute réaction du président américain sera d’ailleurs guettée avec attention, lui qui avait durement critiqué la Fed l’année dernière en l’accusant d’avoir maintenu ses taux artificiellement bas pour faire le jeu des démocrates et du gouvernement Obama.
Cible des critiques présidentielles, la présidente de la Fed, Janet Yellen, avait clairement ouvert la voie à un nouveau resserrement monétaire, en arguant que le double mandat de son institution — le plein emploi et une inflation annuelle stabilisée autour de 2 % — était en passe d’être atteint. Les derniers chiffres publiés vendredi ont confirmé cette embellie: en février, l’économie américaine a créé 235 000 emplois nets, dépassant nettement les attentes, tandis que le taux de chômage reculait d’un dixième de point à 4,7 %.
«Les gains d’emplois sont restés solides», note d’ailleurs le FOMC dans son communiqué qui, fait nouveau, reconnaît être proche de ses objectifs en matière d’évolution des prix sur le long terme.
Deux nouvelles hausses
La Fed se garde toutefois de tout excès d’enthousiasme. Contrairement aux attentes de certains analystes, elle ne table pas sur une accélération du nombre de hausses de taux cette année, qui aurait pour but de prévenir
une surchauffe de l’économie. D’après leurs projections, les dirigeants de la banque centrale continuent ainsi de s’attendre à deux nouvelles hausses d’ici à la fin de l’année.
Dans ses nouvelles prévisions publiées mercredi, la Fed se montre toutefois beaucoup moins optimiste que le gouvernement Trump sur les futures performances de l’économie américaine. Elle a ainsi laissé inchangées ses prévisions de croissance pour cette année (2,1%) et les a légèrement relevées pour 2018 (2,1% également), bien loin des objectifs de l’exécutif américain.
Le secrétaire au Trésor, Steve Mnuchin, a récemment assuré que l’économie des États-Unis pourrait croître de 3% dès 2018, soit près du double du rythme atteint en 2016, tandis que le président Trump a lui évoqué un chiffre de 4%.
La Fed s’est toutefois jusqu’ici gardée de prendre en compte les projets de relance du président Trump, notamment les réductions d’impôt et les dépenses en infrastructures, tant que ceux-ci ne sont pas votés. Preuve de la prudence à la Fed, un de ses dirigeants, Neel Kashkari, s’est dissocié de ses neuf collègues du FOMC en votant contre le relèvement des taux et en assurant qu’il aurait préféré un statu quo à l’issue de cette réunion.