Moins de neige, mais plus de tempêtes spectaculaires.
Il y aura moins de neige, mais plus de tempêtes spectaculaires, selon Ouranos
Le climat change, et avec lui le visage de l’hiver québécois. Les tempêtes de neige majeures, à l’image de celle qui a balayé la province au cours des dernières heures, pourraient ainsi devenir plus fréquentes, et ce, même si on s’attend à un recul des précipitations annuelles au cours des prochaines années. Une situation qui imposera aux autorités de s’adapter à une nouvelle réalité.
Le directeur général d’Ouranos, Alain Bourque, estime ainsi que les phénomènes hivernaux extrêmes risquent de prendre davantage de place dans le paysage météorologique des prochaines décennies au Québec.
«Il sera peut-être moins fréquent d’avoir à déneiger de grandes quantités de neige réparties tout au long de l’hiver, puisque les quantités annuelles de neige devraient diminuer. Mais il faut être prêts à faire face à des tempêtes plus spectaculaires », explique le scientifique, qui oeuvre au sein du réputé consortium sur la climatologie.
«On se dit parfois que, s’il y a moins de neige, nous aurons moins besoin d’équipements. Mais attention. Il est vrai qu’il y aura moins de tempêtes en moyenne, mais elles pourraient être passablement plus spectaculaires que ce qu’on voyait dans le passé», ajoute M. Bourque.
Il insiste d’ailleurs sur la nécessité de mettre en place des mesures d’adaptation pour faire face à des tempêtes comme celle qui a frappé le Québec cette semaine. Une tempête qui a d’ailleurs amené son lot de critiques, en raison de la lenteur des autorités à répondre aux situations d’urgence.
Moins de neige
Le «Plan d’adaptation aux changements climatiques de l’agglomération de Montréal 20152020» met lui aussi en lumière les tendances décrites par Alain Bourque. Le document démontre ainsi, au cours des dernières années, «une diminution d’environ 20% de la quantité de neige tombée annuellement sur l’agglomération de Montréal, une tendance aussi observée dans la région du sud du Québec».
Cependant, précise ce rapport, « le nombre d’épisodes de neige abondante» a augmenté au cours des dernières décennies. Qui plus est, «lors des dernières années, on a assisté à une répartition des chutes de neige plus concentrées sur quelques événements extrêmes». Une tendance que le document n’associe toutefois pas précisément aux bouleversements climatiques.
Chose certaine, la présence de neige dans le sud du Québec devrait globalement diminuer, si on se fie aux prévisions climatiques. Une situation qui pourrait avoir des impacts significatifs, puisque la neige joue un rôle majeur dans le cycle naturel.
Le directeur général d’Ouranos explique ainsi que la neige constitue un « entreposage naturel » d’eau durant la saison froide. Lors de la fonte, cette eau sert notamment de « recharge » aux cours d’eau, à plusieurs écosystèmes, dont les milieux humides et la flore particulière du Québec, mais aussi aux terres agricoles. L’eau de fonte sert en outre au remplissage essentiel des réservoirs des barrages d’Hydro-Québec.
Or, souligne M. Bourque, le recul des quantités de neige signifie que la «capacité naturelle de recharge» est de moins en moins importante. Pendant ce temps, la hausse globale des températures au cours de l’été provoque une évaporation plus marquée, ce qui entraîne «des pénuries d’eau qu’on ne voyait pas auparavant», constate le scientifique.