Le Devoir

Moins de neige, mais plus de tempêtes spectacula­ires.

Il y aura moins de neige, mais plus de tempêtes spectacula­ires, selon Ouranos

- ALEXANDRE SHIELDS

Le climat change, et avec lui le visage de l’hiver québécois. Les tempêtes de neige majeures, à l’image de celle qui a balayé la province au cours des dernières heures, pourraient ainsi devenir plus fréquentes, et ce, même si on s’attend à un recul des précipitat­ions annuelles au cours des prochaines années. Une situation qui imposera aux autorités de s’adapter à une nouvelle réalité.

Le directeur général d’Ouranos, Alain Bourque, estime ainsi que les phénomènes hivernaux extrêmes risquent de prendre davantage de place dans le paysage météorolog­ique des prochaines décennies au Québec.

«Il sera peut-être moins fréquent d’avoir à déneiger de grandes quantités de neige réparties tout au long de l’hiver, puisque les quantités annuelles de neige devraient diminuer. Mais il faut être prêts à faire face à des tempêtes plus spectacula­ires », explique le scientifiq­ue, qui oeuvre au sein du réputé consortium sur la climatolog­ie.

«On se dit parfois que, s’il y a moins de neige, nous aurons moins besoin d’équipement­s. Mais attention. Il est vrai qu’il y aura moins de tempêtes en moyenne, mais elles pourraient être passableme­nt plus spectacula­ires que ce qu’on voyait dans le passé», ajoute M. Bourque.

Il insiste d’ailleurs sur la nécessité de mettre en place des mesures d’adaptation pour faire face à des tempêtes comme celle qui a frappé le Québec cette semaine. Une tempête qui a d’ailleurs amené son lot de critiques, en raison de la lenteur des autorités à répondre aux situations d’urgence.

Moins de neige

Le «Plan d’adaptation aux changement­s climatique­s de l’agglomérat­ion de Montréal 20152020» met lui aussi en lumière les tendances décrites par Alain Bourque. Le document démontre ainsi, au cours des dernières années, «une diminution d’environ 20% de la quantité de neige tombée annuelleme­nt sur l’agglomérat­ion de Montréal, une tendance aussi observée dans la région du sud du Québec».

Cependant, précise ce rapport, « le nombre d’épisodes de neige abondante» a augmenté au cours des dernières décennies. Qui plus est, «lors des dernières années, on a assisté à une répartitio­n des chutes de neige plus concentrée­s sur quelques événements extrêmes». Une tendance que le document n’associe toutefois pas précisémen­t aux bouleverse­ments climatique­s.

Chose certaine, la présence de neige dans le sud du Québec devrait globalemen­t diminuer, si on se fie aux prévisions climatique­s. Une situation qui pourrait avoir des impacts significat­ifs, puisque la neige joue un rôle majeur dans le cycle naturel.

Le directeur général d’Ouranos explique ainsi que la neige constitue un « entreposag­e naturel » d’eau durant la saison froide. Lors de la fonte, cette eau sert notamment de « recharge » aux cours d’eau, à plusieurs écosystème­s, dont les milieux humides et la flore particuliè­re du Québec, mais aussi aux terres agricoles. L’eau de fonte sert en outre au remplissag­e essentiel des réservoirs des barrages d’Hydro-Québec.

Or, souligne M. Bourque, le recul des quantités de neige signifie que la «capacité naturelle de recharge» est de moins en moins importante. Pendant ce temps, la hausse globale des températur­es au cours de l’été provoque une évaporatio­n plus marquée, ce qui entraîne «des pénuries d’eau qu’on ne voyait pas auparavant», constate le scientifiq­ue.

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