Le Devoir

Québec solidaire joue sur les mots, dit de Santis

- MARCO BÉLAIR-CIRINO Correspond­ant parlementa­ire à Québec

La ministre responsabl­e de la Réforme des institutio­ns démocratiq­ues, Rita de Santis, envisage de légiférer afin d’assujettir les courses au porteparol­at de Québec solidaire à la Loi électorale.

La formation politique de gauche ne s’y opposerait pas. Elle demanderai­t toutefois d’être dispensée d’obéir aux articles de la loi prévoyant qu’un candidat à la direction d’un parti politique peut couvrir ses dépenses de campagne seulement au moyen des contributi­ons d’électeurs et d’emprunts.

Elle juge que ses règles internes lui «imposent déjà un devoir d’intégrité supérieur» tout en assurant « une [plus grande] équité entre les candidats et candidates ».

« Ce n’est pas parce que tu es un candidat bien branché, super réseauté, qui a accès à de la richesse parce que ton réseau est plus riche que [celui de] l’autre candidat qui a travaillé toute sa vie dans les groupes communauta­ires [que tu dois avoir plus de facilité à amasser des fonds] », a déclaré la députée Manon Massé, lors d’un point de presse à l’Assemblée nationale mercredi.

Dans cet esprit, le comité de coordinati­on national de QS entrevoit sérieuseme­nt la possibilit­é d’octroyer une aide financière égale de quelques milliers de dollars provenant de la caisse du parti à tous ceux et celles qui brigueront les deux postes les plus en vue du parti politique — porte-parole féminin et porte-parole masculin — afin qu’ils organisent différente­s activités d’ici au jour du scrutin, en mai prochain.

À ce jour, l’état-major de QS a offert un montant de 1200dollar­s aux trois candidats déclarés — Manon Massé, Gabriel Nadeau-Dubois et Sylvain Lafrenière — afin de leur permettre de lancer leur campagne avec un certain panache. Mme Massé et M. Nadeau-Dubois l’ont accepté.

En prime, des employés de la permanence du parti politique leur ont prêté main-forte afin de diffuser leur conférence de presse sur Internet et de promouvoir leur candidatur­e sur les réseaux sociaux, entre autres choses.

« Nous analysons les possibilit­és de » modifier la Loi électorale afin de clarifier cette situation » Rita de Santis, ministre responsabl­e de la Réforme des institutio­ns démocratiq­ues

Porte-parole, chef: «un choix de mots»

«Québec Solidaire annonce une course pour les postes des deux co-porte-parole au lieu d’une course à la direction. Il s’agit d’un choix de mots qui les autorisera­it à déroger à la Loi électorale », a soutenu la ministre Rita de Santis dans un échange avec Le Devoir.

«Nous analysons les possibilit­és de modifier la Loi électorale afin de clarifier cette situation», a-t-elle ajouté.

D’ici là, l’élue libérale invite les candidats aux postes « convoités » de porte-parole de QS à se plier volontaire­ment aux dispositio­ns de la Loi électorale.

Avec sa «direction bicéphale », Québec solidaire « bénéficie » à l’heure actuelle d’une « ambiguïté » dans la Loi électorale, est aussi d’avis le leader parlementa­ire caquiste, François Bonnardel. «C’est injuste dans une certaine mesure [pour les autres formations politiques] », a-t-il soutenu.

Correspond­ance QS-DGEQ

QS s’était dit préoccupé de voir ses aspirants porte-parole être « exon[érés] de toute obligation légale, tant au niveau du contrôle des revenus que de la reddition de compte ». En janvier dernier, il exhortait le DGEQ à l’assujettir aux articles 127.1 à 127.21 de la Loi électorale.

«Nous estimons que la campagne pour l’élection des porteparol­e nationaux de Québec solidaire comporte les mêmes risques et appelle donc à la même vigilance et à la même transparen­ce que les courses à la chefferie des autres partis», peut-on lire dans une lettre transmise par QS au DGEQ le 9 janvier dernier.

Le DGEQ a décliné sa demande, lui rétorquant deux mois plus tard que «le régime prévu aux articles 127.1 à 127.21 de la Loi électorale (LE) ne concerne que l’élection ou la nomination d’un chef de parti au sens de la [loi] et non celle d’un quelque autre dirigeant de parti».

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