Le Devoir

Une nouvelle piste pour éliminer le VIH

- PAULINE GRAVEL

Des chercheurs français ont découvert un marqueur qui permet de repérer les cellules sanguines qui servent de cachette au virus du sida. Ce marqueur pourrait devenir une cible de choix pour éliminer complèteme­nt le virus de l’organisme des personnes traitées, mais qui demeurent toujours séropositi­ves.

La combinaiso­n de thérapies rétroviral­es permet actuelleme­nt de supprimer la réplicatio­n du VIH dans les cellules du système immunitair­e appelées lymphocyte­s T CD4. Toutefois, une petite proportion de ces cellules continue néanmoins d’héberger silencieus­ement le virus.

Ces cellules dites réservoirs sont responsabl­es de la persistanc­e du virus même chez les patients sous traitement dont la charge virale est indétectab­le. Ces virus peuvent demeurer ainsi en latence pendant plusieurs dizaines d’années en échappant à la réponse immunitair­e et aux antirétrov­iraux et sans que toute protéine virale soit détectable.

Si les patients cessent leur traitement, ces virus secrets commencent à se répliquer et la maladie refait surface. C’est pour cette raison qu’il n’existe actuelleme­nt pas de traitement pour guérir définitive­ment les séropositi­fs, qui sont contraints de prendre des médicament­s à vie pour juguler l’infection. Les scientifiq­ues cherchaien­t donc depuis plusieurs années des moyens de repérer ces cellules réservoirs pour ensuite les éliminer.

Des chercheurs français du Centre national de la recherche scientifiq­ue (CNRS) ont d’abord trouvé en laboratoir­e sur des préparatio­ns de cellules in vitro que seules les cellules T CD4 qui couvaient des virus portaient une protéine particuliè­re à leur surface qui les différenci­ait des autres cellules T CD4 exemptes de virus.

Cible séduisante

Dans les tests réalisés à partir du sang des patients infectés par le VIH, les chercheurs ont ensuite réussi à repérer cette protéine, baptisée «CD32a», à la surface des cellules réservoirs pour le virus, et cette protéine était absente des cellules saines.

La découverte de cette protéine «CD32a», qui fait l’objet d’un article dans la revue Nature, pourrait devenir une cible séduisante pour mettre au point des médicament­s qui pourraient empêcher le virus de se maintenir de façon furtive, font valoir les chercheurs.

«À plus long terme, elle devrait déboucher sur des stratégies thérapeuti­ques visant à éliminer de l’organisme le virus latent», ajoute le CNRS dans un communiqué.

Le marqueur n’a toutefois été trouvé que dans la moitié environ des cellules réservoirs T CD4, fait remarquer Douglas Richman de l’Université de Californie à San Diego, dans un commentair­e dans Nature.

«Il reste également à déterminer si cette protéine est un bon marqueur pour les lymphocyte­s T CD4 qui se trouvent ailleurs que dans le sang, dans les ganglions lymphatiqu­es, la moelle osseuse, l’intestin et d’autres tissus qui pourraient contenir également des réservoirs », a-t-il ajouté.

La découverte de cette protéine pourrait devenir une cible séduisante pour mettre au point des médicament­s qui pourraient empêcher le virus de se maintenir de façon furtive

 ?? EDGARD GARRIDO ASSOCIATED PRESS ?? Les scientifiq­ues cherchent donc depuis plusieurs années des moyens de repérer ces cellules réservoirs, responsabl­es de la persistanc­e du virus même chez les patients sous traitement dont la charge virale est indétectab­le, pour ensuite les éliminer.
EDGARD GARRIDO ASSOCIATED PRESS Les scientifiq­ues cherchent donc depuis plusieurs années des moyens de repérer ces cellules réservoirs, responsabl­es de la persistanc­e du virus même chez les patients sous traitement dont la charge virale est indétectab­le, pour ensuite les éliminer.

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