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Bill Morneau livrera un discours plus philosophi­que que l’an dernier

- HÉLÈNE BUZZETTI MARIE VASTEL Correspond­antes parlementa­ires à Ottawa

Économie › Des chiffres et des mots. Le deuxième budget que déposera ce mercredi Bill Morneau sera moins ambitieux que le premier et plus philosophi­que.

Le ministre des Finances de Justin Trudeau, Bill Morneau, commettra mercredi son second opus. Dans les coulisses libérales, on reconnaît d’emblée que le budget sera beaucoup plus modeste que le premier, les promesses les plus importante­s et les plus concrètes ayant déjà été mises en oeuvre.

Le document se voudra plus philosophi­que, parlant d’innovation, de formation de la maind’oeuvre, de l’adaptation à l’économie changeante. Néanmoins, quelques éléments de nouveauté sont à surveiller.

Congés de compassion et de maternité. C’était une promesse libérale phare: réformer le programme d’assurance-emploi. Les chômeurs ont eu droit à leur réforme dans le premier budget (abaissemen­t du nombre d’heures pour se qualifier et réduction de moitié du délai de carence), mais les nouveaux parents et les proches de parents malades attendent encore la leur.

Justin Trudeau a promis que le congé de compassion de six semaines pourrait être segmenté en plusieurs périodes plus courtes, réparti entre plusieurs aidants naturels et étalé sur une période d’un an. Pour le congé de maternité de 12 mois, encore là, les libéraux ont promis de permettre son étalement sur 18 mois.

Les deux réformes coûteraien­t 315 millions par an. Le ministre de la Famille, des

Enfants et du Développem­ent social, JeanYves Duclos, a promis cet hiver que la réforme serait dans le budget. Les changement­s au congé de maternité ne toucheraie­nt pas le Québec, qui a son propre programme. Il faudra voir si la province obtiendra un dédommagem­ent.

Des garderies asymétriqu­es? S’il y a un chapitre que Québec attend impatiemme­nt, c’est bien celui sur les fonds d’infrastruc­tures du fédéral. Le budget de 2016 promettait de mettre sur pied un cadre national de garde d’enfants, financé par des investisse­ments débutant en 2017-2018. Ottawa a mis de côté 500 millions l’an dernier pour préparer le terrain. Une somme qui pourrait être prolongée sur une période de dix ans, selon ce qu’a confié le milieu à La Presse canadienne.

Le premier ministre québécois, Philippe Couillard exigeait déjà mardi un droit de retrait du Québec — qui compte son propre réseau de garderies.

Québec a clamé avoir obtenu ce droit de retrait il y a deux semaines lorsqu’il a signé une entente en santé contenant une « bonificati­on du principe de l’asymétrie».

Le premier ministre québécois réclame aussi que la future Banque d’infrastruc­ture d’Ottawa ait pignon sur rue à Montréal. Les modalités de cette banque, qui doit servir de levier financier pour aller chercher de nouveaux fonds privés, pourraient bien être détaillées dans le budget.

Congés fiscaux. Les libéraux ont promis en campagne de faire le ménage dans le rapport d’impôt des contribuab­les en éliminant les nombreux crédits d’impôt s’étant multipliés sous les conservate­urs. Ils ont déjà aboli progressiv­ement celui sur les activités physiques et artistique­s des enfants, ainsi que celui sur les études et l’achat de manuels scolaires. D’autres pourraient passer à la trappe en 2017.

Les crédits d’impôt sont très nombreux (gain en capital, transport en commun, invalidité, gains de loterie, alouette!) et privent Ottawa de 100 milliards chaque année, estiment les libéraux. Le principal crédit dans la mire libérale — la déduction pour option d’achat d’actions — bénéficie surtout à une poignée de contribuab­les très riches et coûte à lui seul 750 millions. La déduction pourrait être abolie ou plafonnée.

Taxe carbone, santé et autres

surprises. Le document budgétaire pourrait par ailleurs laisser transparaî­tre quelques autres éléments de nouvelles, notamment sur la taxe sur le carbone que doit mettre en place le gouverneme­nt Trudeau dès 2018. Ottawa compte imposer sa taxe aux provinces qui refuseront de tarifer le carbone. La Saskatchew­an la rejetait encore, cet hiver.

Côté santé, le Manitoba est quant à lui la seule province à ne pas avoir accepté l’entente sur les transferts du gouverneme­nt Trudeau. Il faudra voir si le budget lui verse malgré tout des fonds en soins de santé à domicile et en santé mentale — octroyés aux autres provinces en échange de leur signature —, ce qui pourrait laisser présager une entente prochaine entre Ottawa et Winnipeg.

Aéroports. La privatisat­ion des huit principaux aéroports du pays fait couler beaucoup d’encre depuis qu’Ottawa a donné un contrat l’an dernier au Crédit Suisse pour analyser diverses options. La privatisat­ion de 18 ports fait pour sa part l’objet d’une analyse commandée à Morgan Stanley.

Le Conseil consultati­f en matière de croissance économique, composé de 14 chefs d’entreprise qui conseillen­t le ministre Morneau, lui a suggéré de procéder au « recyclage » des infrastruc­tures fédérales, consistant à vendre au privé les infrastruc­tures rentables pour en construire d’autres avec le produit de la vente.

Des sources ont indiqué au Globe and Mail cette semaine que le budget ne contiendra­it pas pour l’instant de décision à ce sujet, mais les partis d’opposition n’ont pas couru de risque et ont tenu une journée de débat sur la question hier.

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JUSTIN TANG LA PRESSE CANADIENNE Justin Trudeau et le ministre Bill Morneau, l’an dernier lors de la présentati­on de leur premier budget, l’an dernier

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