Le Devoir

Les Autorités revoient la divulgatio­n des risques climatique­s

- GÉRARD BÉRUBÉ

Les Autorités canadienne­s en valeurs mobilières (ACVM) lancent un projet d’examen de l’informatio­n fournie par les entreprise­s cotées en Bourse sur leur risque climatique. On veut savoir si la réglementa­tion canadienne, revue il y a sept ans, répond encore aux normes internatio­nales.

Au Canada, selon l’Avis diffusé en 2010, les émetteurs assujettis doivent déclarer les risques importants, qui peuvent comprendre ceux associés au changement climatique, entre autres questions environnem­entales, dans leurs documents d’informatio­n périodique, peut-on lire dans le communiqué des ACVM. Or depuis, «les pratiques des sociétés ouvertes en matière de communicat­ion d’informatio­n sur les risques et les répercussi­ons financière­s associés au changement climatique ont suscité beaucoup d’intérêt à l’internatio­nal. Plusieurs cadres de communicat­ion volontaire d’informatio­n ont été proposés, ce qui a abouti à la publicatio­n, en décembre 2016, d’une série de recommanda­tions du Groupe de travail sur l’informatio­n financière relative aux changement­s climatique­s du Conseil de stabilité financière», rappellent les ACVM.

Aussi, «un certain nombre de territoire­s à l’extérieur du Canada ont imposé aux sociétés cotées en Bourse des obligation­s d’informatio­n sur le changement climatique. »

Consultati­on

Les ACVM lancent ainsi une consultati­on auprès des émetteurs et des investisse­urs afin d’évaluer si l’informatio­n diffusée au Canada est adéquate et se compare à ce qui se fait dans d’autres juridictio­ns, notamment en Australie, au Royaume-Uni et aux ÉtatsUnis. On prévoit procéder à la collecte d’informatio­n au printemps et à l’été, puis publier un rapport d’étape exposant les constatati­ons.

Mark Carney, gouverneur de la Banque d’Angleterre et président du Conseil de stabilité financière, a donné le ton en évoquant, en octobre 2015, un phénomène rare pour le moment, mais susceptibl­e de prendre de l’ampleur, soit les cas de poursuites contre des entreprise­s, des gestionnai­res de caisses de retraite ou des gouverneme­nts pour ne pas avoir fait le maximum pour protéger leurs employés, investisse­urs ou citoyens contre les ravages économique­s et humains des changement­s climatique­s. Le nombre de poursuites ne pourra que croître à mesure qu’augmentera le poids des preuves scientifiq­ues et des simples faits, disait-il.

Peu après, il annonçait la nomination du milliardai­re américain et ancien maire de New York Michael Bloomberg à la tête d’un groupe d’experts chargé d’évaluer les risques financiers liés au climat pour les entreprise­s et investisse­urs, de fournir des informatio­ns aux banques, assureurs, investisse­urs et actionnair­es, et de faire des recommanda­tions aux entreprise­s sur la façon dont elles doivent publier leur exposition à ces risques.

Au haut de la liste

Et l’an dernier, les changement­s climatique­s dominaient la liste des principaux risques juridiques en affaires du cabinet Borden Ladner Gervais.

L’Avis du personnel des ACVM du 27 octobre 2010 accorde beaucoup de latitude à l’émetteur tout en lui proposant des balises et un cadre de référence. L’on retenait notamment que le facteur déterminan­t à prendre en compte dans l’appréciati­on des éléments d’informatio­n à communique­r est le concept d’importance relative. Également, les obligation­s environnem­entales appelées à être communiqué­es se classent en deux grandes catégories: celles qui sont présentées dans les états financiers de l’émetteur et celles qui ne le sont pas, ou qui sont présentées dans des rapports volontaire­s.

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