Le Devoir

Sur-vie : vendre son âme ou pas ?

- MANON DUMAIS

Rien ne va plus pour Frédérique Boileau (Mariloup Wolfe). À son retour de Hollywood, où elle a vainement tenté sa chance aux frais de son conjoint, le producteur Maxime Richer (Sébastien Huberdeau), elle est sans le sou et apprend que Maxime a une liaison avec Véronique Dufaux (Monia Chokri), qui travaille pour le producteur sans scrupule Charles Grisé (Luc Picard). Les sachant tous deux criblés de dettes, ce dernier propose à Frédérique et à Maxime de devenir les vedettes d’une nouvelle téléréalit­é : Sur-vie. Le but du jeu? Entourés de jeunes et beaux candidats aux dents longues, Frédérique et Maxime devront résister à la tentation de sauter la clôture. Au grand dam de sa mère Manon (Carole Laure), Frédérique accepte de participer à cette téléréalit­é qu’anime la mythique actrice hollywoodi­enne Raquel Rose (Pamela Anderson).

Aux commandes de cette nouvelle série de six épisodes que l’on pourra voir dès le 6 avril, à 22 h à Séries +, se retrouve Yves-Christian Fournier (Tout est parfait, Noir), réalisateu­r qu’on associe d’emblée au cinéma d’auteur et non à la téléréalit­é. «J’ai travaillé avec Robert Lepage et on a eu des conversati­ons hallucinan­tes à propos de Sur vivor. Il y a une fascinatio­n qui s’installe; j’ai regardé cette série durant huit ou neuf saisons. J’ai fait la Course destinatio­n monde et n’oubliez pas: c’était une téléréalit­é à quelque part», confie celui qui s’est inspiré de Gone Girl de David Fincher et de Black Swan de Darren Aronofsky pour l’esthétique de ce qu’il appelle un conte noir.

Toute ressemblan­ce…

Produite par Fabienne Larouche et Michel Trudeau (Aetios Production­s), écrite par Martine D’Anjou, Sur-vie ne se veut toutefois pas une dénonciati­on de la téléréalit­é. «J’ai commencé ma carrière en téléréalit­é sur Mixmania, explique l’auteure. Je ne scénarisai­s pas comme le fait ici le personnage d’Anne-Marie Cadieux. Je m’occupais de la structure afin de faire monter la tension et avoir des punchs. La téléréalit­é s’est tellement développée depuis Mixmania que maintenant, les gens suivent des formations pour en faire. Ce que l’on voit dans Sur-vie est très loin de ce qu’on vivait à Mixmania, où l’on encadrait les jeunes pour leur donner une idée de ce qui les attendait. La téléréalit­é est devenue de plus en plus tordue avec les années; Sur-vie est en fait un questionne­ment sur la téléréalit­é.»

Avec son cynisme et ses rivalités entre personnage­s, Survie n’est pas sans rappeler la série RÉELlement (UnREAL) de Sarah Gertrude Shapiro: «C’est le même sujet qu’UnREAL, mais c’est différent, assure Michel Trudeau. Le sarcasme est plus sur la célébrité en général que la téléréalit­é ellemême. Dans UnrREAL, c’est clairement une fille qui a écrit ça pour se venger de ce qu’elle a vécu. Je ne trouve pas que Charles Grisé est plus épouvantab­le que les personnage­s d’UnrREAL. Ce n’est pas tant une critique de la réalité qu’une critique du spectacle en général.»

«Ce que j’aime de notre métier, c’est de pouvoir essayer des choses. Sur-vie, c’est la série la plus cinématogr­aphique qu’on a faite et Frédérique, c’est le plus grand rôle de Mariloup Wolfe. Frédérique et sa mère sont touchantes; Manon est comme ces pères de famille qui amènent leur fils à l’aréna à 4h du matin. Ce n’est pas cynique, c’est la réalité. Sur-vie, c’est d’abord une histoire humaine », défend fermement Fabienne Larouche.

«Il ne faut pas oublier que c’est une fiction, que c’est second degré. Sur-vie raconte une quête d’amour où il y a aussi une quête de célébrité et une quête de reconnaiss­ance. Pour moi, la véritable quête de Frédérique, c’est de retrouver qui elle est», conclut Martine D’Anjou.

 ?? ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR ?? L’équipe de la télésérie Sur-vie s’est réunie mardi pour le visionneme­nt de presse, à Montréal.
ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR L’équipe de la télésérie Sur-vie s’est réunie mardi pour le visionneme­nt de presse, à Montréal.

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