La difficulté de prévoir l’imprévisible facteur Trump
S’il y a un exemple, dans le budget fédéral de mercredi, des défis que représente le président américain Donald Trump pour les ambitieux objectifs du gouvernement libéral, il se trouve dans les minuscules cinq paragraphes réservés à la relation entre le Canada et les États-Unis.
Après les platitudes d’usage au sujet des valeurs communes et des intérêts que partagent les deux pays, le gouvernement s’engage à raffermir sa collaboration environnementale de longue date avec les États-Unis «dans le but de lutter contre les changements climatiques, ainsi que d’améliorer la qualité de l’air et de l’eau ».
Le document était vraisemblablement déjà en route vers l’imprimerie lorsque le gouvernement Trump a fait savoir, cette semaine, qu’il mettrait bientôt fin aux projets américains qui visent, justement, à s’attaquer à ces questions.
Parmi les mesures avancées par la Maison-Blanche : la réduction du financement de l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis, le retrait de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et la fin d’un programme de protection de l’eau des Grands Lacs, qui vise notamment à la rendre potable pour environ 40 millions de personnes des deux côtés de la frontière.
Système fiscal
Le budget 2017-2018 des libéraux tente de limiter le genre de colère qui a mené à la victoire de M. Trump aux États-Unis l’automne dernier, en mettant en avant des plans et des stratégies pour renforcer les compétences et la confiance des Canadiens inquiets de ce que leur réserve l’avenir.
Mais jusqu’à maintenant, les libéraux n’ont pas cherché à déterminer dans quelle mesure les décisions de M. Trump pourraient alimenter ces craintes.
Les impôts sont l’exemple le plus flagrant de cette situation. M. Trump a promis de revoir le système fiscal des États-Unis pour en améliorer la compétitivité. La réponse des libéraux à cette possibilité ne se trouve pas dans le budget; ils ont préféré se limiter aux évidences révélées par un examen élargi des dépenses fiscales.
«S’il y a une partie du budget dans laquelle ils bougent plus lentement que ce qu’ils avaient promis, c’est celle-là», a observé l’économiste Jean-François Perreault, de la Banque Scotia.
Innovation
En se concentrant sur les compétences et l’innovation, le gouvernement établit une nouvelle cible: faire croître les exportations de biens et de services du Canada de 30 pour cent d’ici 2025, ce qui représente une modeste augmentation par rapport à ce qu’elles sont actuellement.
Même si une certaine importance est accordée à l’ouverture de nouveaux marchés en Asie et aux bénéfices qui jailliront de l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, le marché américain reste le plus grand marché d’exportation pour le Canada.
«La croissance des exportations canadiennes pourrait demeurer modeste, et les mesures stratégiques pouvant être prises par les États-Unis concernant le commerce pourraient limiter davantage les exportations vers ce pays », a rappelé le budget.
M. Trump n’a jamais caché sa préférence pour le protectionnisme, notamment dans son premier discours devant le Congrès américain. Le président en a aussi profité pour prévenir ses partenaires dans le monde, notamment dans l’OTAN, qu’il s’attendait à ce qu’ils jouent un rôle significatif et qu’ils paient leur «juste part» des coûts.
Le budget 2017-2018 des libéraux tente de limiter le genre de colère qui a mené à la victoire de M. Trump aux États-Unis