Le Devoir

La difficulté de prévoir l’imprévisib­le facteur Trump

- STEPHANIE LEVITZ à Ottawa

S’il y a un exemple, dans le budget fédéral de mercredi, des défis que représente le président américain Donald Trump pour les ambitieux objectifs du gouverneme­nt libéral, il se trouve dans les minuscules cinq paragraphe­s réservés à la relation entre le Canada et les États-Unis.

Après les platitudes d’usage au sujet des valeurs communes et des intérêts que partagent les deux pays, le gouverneme­nt s’engage à raffermir sa collaborat­ion environnem­entale de longue date avec les États-Unis «dans le but de lutter contre les changement­s climatique­s, ainsi que d’améliorer la qualité de l’air et de l’eau ».

Le document était vraisembla­blement déjà en route vers l’imprimerie lorsque le gouverneme­nt Trump a fait savoir, cette semaine, qu’il mettrait bientôt fin aux projets américains qui visent, justement, à s’attaquer à ces questions.

Parmi les mesures avancées par la Maison-Blanche : la réduction du financemen­t de l’Agence de protection de l’environnem­ent des États-Unis, le retrait de l’Accord de Paris sur les changement­s climatique­s et la fin d’un programme de protection de l’eau des Grands Lacs, qui vise notamment à la rendre potable pour environ 40 millions de personnes des deux côtés de la frontière.

Système fiscal

Le budget 2017-2018 des libéraux tente de limiter le genre de colère qui a mené à la victoire de M. Trump aux États-Unis l’automne dernier, en mettant en avant des plans et des stratégies pour renforcer les compétence­s et la confiance des Canadiens inquiets de ce que leur réserve l’avenir.

Mais jusqu’à maintenant, les libéraux n’ont pas cherché à déterminer dans quelle mesure les décisions de M. Trump pourraient alimenter ces craintes.

Les impôts sont l’exemple le plus flagrant de cette situation. M. Trump a promis de revoir le système fiscal des États-Unis pour en améliorer la compétitiv­ité. La réponse des libéraux à cette possibilit­é ne se trouve pas dans le budget; ils ont préféré se limiter aux évidences révélées par un examen élargi des dépenses fiscales.

«S’il y a une partie du budget dans laquelle ils bougent plus lentement que ce qu’ils avaient promis, c’est celle-là», a observé l’économiste Jean-François Perreault, de la Banque Scotia.

Innovation

En se concentran­t sur les compétence­s et l’innovation, le gouverneme­nt établit une nouvelle cible: faire croître les exportatio­ns de biens et de services du Canada de 30 pour cent d’ici 2025, ce qui représente une modeste augmentati­on par rapport à ce qu’elles sont actuelleme­nt.

Même si une certaine importance est accordée à l’ouverture de nouveaux marchés en Asie et aux bénéfices qui jailliront de l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, le marché américain reste le plus grand marché d’exportatio­n pour le Canada.

«La croissance des exportatio­ns canadienne­s pourrait demeurer modeste, et les mesures stratégiqu­es pouvant être prises par les États-Unis concernant le commerce pourraient limiter davantage les exportatio­ns vers ce pays », a rappelé le budget.

M. Trump n’a jamais caché sa préférence pour le protection­nisme, notamment dans son premier discours devant le Congrès américain. Le président en a aussi profité pour prévenir ses partenaire­s dans le monde, notamment dans l’OTAN, qu’il s’attendait à ce qu’ils jouent un rôle significat­if et qu’ils paient leur «juste part» des coûts.

Le budget 2017-2018 des libéraux tente de limiter le genre de colère qui a mené à la victoire de M. Trump aux États-Unis

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LA PRESSE CANADIENNE Le budget fédéral était vraisembla­blement déjà en route vers l’imprimerie lorsque Donald Trump a fait savoir qu’il mettrait bientôt fin à plusieurs projets environnem­entaux américains.

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