Le Devoir

Coup de frein sur le charbon en Chine et en Inde

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Paris — Le développem­ent de projets de centrales à charbon a connu un net ralentisse­ment en 2016, en particulie­r en Chine et en Inde, indiquait mercredi un rapport des ONG Coal Swarm, Greenpeace et Sierra Club, qui y voient un signe positif pour le climat.

Selon l’analyse faite par ces trois organisati­ons, comparativ­ement à 2015, il y a eu une baisse de 48% du nombre de projets en phase de pré-constructi­on, de 62% des démarrages de nouveaux projets et de 85 % du nombre de nouveaux permis délivrés en Chine.

«En Chine et en Inde, la constructi­on est désormais figée dans plus de 100 chantiers» représenta­nt une capacité de 68 gigawatts, précise un communiqué des auteurs du rapport (Expansion et ralentisse­ment en 2017: sur la trace des projets mondiaux de centrales à charbon). Entre 2006 et 2016, les deux géants asiatiques ont construit 86% des nouvelles centrales à charbon dans le monde.

Optimisme prudent

L’oeil rivé sur l’Accord de Paris sur le climat, les ONG espèrent que le ralentisse­ment va se poursuivre, mais font preuve d’un optimisme prudent. «Les récents progrès pour ralentir le développem­ent du charbon en Chine et en Inde doivent être renforcés », préviennen­t-elles. Elles déplorent que des pays comme le Vietnam, l’Indonésie, la Turquie ou le Japon continuent à miser sur le charbon, l’énergie la plus émettrice de gaz à effet de serre.

Pour limiter la hausse de la températur­e mondiale à 2°C, elles soulignent qu’il va falloir «à la fois stopper la constructi­on de nouvelles centrales à charbon et en fermer des anciennes » pour les remplacer par des « énergies propres ».

La Chine, premier investisse­ur dans les énergies renouvelab­les, couvre encore 60% de sa production d’électricit­é grâce au charbon. «L’année 2016 a été un véritable tournant», selon Lauri Myllyvirta, de Greenpeace, en se félicitant de l’arrêt de projets en Chine ainsi que de la «réduction spectacula­ire des émissions aux États-Unis et au Royaume-Uni grâce à la fermeture d’anciennes centrales au charbon», de l’abandon de ce combustibl­e par la Belgique et l’Ontario et de l’annonce par trois pays du G8 d’une date butoir pour le faire.

Interrogé sur le rapport, Benjamin Sporton, responsabl­e de l’Associatio­n mondiale du charbon, a réfuté l’idée d’un tournant énergétiqu­e. L’Agence internatio­nale de l’énergie (AIE) « prévoit que l’Inde et le Sud-Est asiatique seront les moteurs de la demande pour le charbon dans les décennies à venir, a-t-il indiqué à l’AFP. Pour ces pays, exclure le charbon de leur mix énergétiqu­e n’est pas une option: il est essentiel pour leur croissance économique et leur sécurité énergétiqu­e.»

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JOHANNES EISELE AGENCE FRANCE-PRESSE Centrale au charbon près de Shanghai

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