Le Devoir

Leitão ouvre ses goussets

Les budgets des ministères de l’Éducation et de la Santé seront bonifiés de 4 %

- MARCO BÉLAIR-CIRINO MARIE-MICHÈLE SIOUI Correspond­ants parlementa­ires à Québec Avec Isabelle Porter Le Devoir

L’heure du rattrapage a sonné. À un an et demi des prochaines élections générales, le ministre des Finances, Carlos Leitão, relâchera encore un peu plus le frein exercé sur la croissance des dépenses au cours des dernières années. L’«austérité» tant décriée est terminée… pour vrai, martèlera-t-il mercredi, chiffres à l’appui.

Les sommes allouées aux deux principale­s missions du gouverneme­nt du Québec — Éducation et Santé — croîtront de quelque 4%: du rarement vu depuis l’arrivée du Parti libéral du Québec aux commandes de l’État.

M. Leitão sera chaussé d’une paire de souliers flambant neufs lorsqu’il dévoilera son 4e budget ce mardi. « Même s’il est un peu incertain, nous pouvons faire face à l’avenir avec confiance et optimisme parce que notre économie est en meilleure position maintenant. C’est le budget pour dépenser davantage dans nos priorités», a-t-il déclaré lundi après-midi, après avoir disposé de ses vieilles chaussures rapiécées.

Éducation En haussant d’environ 4% le budget de fonctionne­ment, le gouverneme­nt libéral permettra aux commission­s scolaires d’embaucher des dizaines de technicien­s en éducation spécialisé­e (TES), d’orthopédag­ogues, d’orthophoni­stes, ainsi que de psychologu­es afin de prêter main-forte aux élèves handicapés ou élèves en difficulté d’adaptation ou d’apprentiss­age (EHDAA). Mais, quelques centaines de millions de dollars ne constituen­t pas pour autant «une baguette magique», fait valoir la porteparol­e de la Coalition de parents d’enfants à besoins particulie­rs, Brigitte Dubé. Plusieurs profession­nels ont choisi de pratiquer dans un bureau privé, plutôt que de «travailler quelques heures ici et là» dans le réseau public, dit-elle. « Ce n’est pas une simple question de réinvestir et de dire: “On va remettre du monde.» Il faut revoir aussi certaines façons de faire”. Les syndicats accusent le gouverneme­nt libéral d’avoir «sacrifié une génération» au moyen des compressio­ns totalisant 1 milliard de dollars.

Santé Le rattrapage salarial des médecins est «complété», répète le ministre Gaétan Barrette depuis des mois. Sauf qu’il a lui-même signé en septembre 2014 une entente sur l’étalement des hausses, qui prévoit encore 1,9 milliard de rattrapage d’ici 2021-2022. Dans l’ensemble, le budget accordé à la santé doit augmenter de 4%, a déjà annoncé le premier ministre, Philippe Couillard. C’est beaucoup plus que les 2,4% annoncés dans le dernier budget, mais pas assez pour combler l’écart qui s’est créé au fil des ans, selon Jean-Pierre Aubry, du CIRANO. En se fiant sur un rapport de l’Institut du Québec qui a été présidé par Raymond Bachand, il rappelle que les dépenses de santé « devraient » croître de 5,2% par an et qu’à défaut, une croissance de 4,2% permettrai­t au gouverneme­nt de trouver «un point d’équilibre ». Or, selon ses calculs, le taux annuel moyen de croissance a été de 2,7 % depuis 2014.

Fardeau fiscal Le quatrième budget Leitao doit sceller la fin de la «taxe santé», un an plus tôt que prévu. La mesure fiscale, annoncée en 2010 par Raymond Bachand, pourrait être abolie de manière rétroactiv­e pour l’année 2016.

Transports On s’attend à trouver dans le budget des précisions sur les grands projets de transport en commun à Montréal et Québec soit le Réseau électrique métropolit­ain (REM), le Service rapide par bus (SRB), le troisième lien Québec-Lévis et peut-être le prolongeme­nt de la ligne bleue du métro de Montréal. Le gouverneme­nt doit annoncer une participat­ion d’environ 1 milliard $ dans le projet du REM. La création d’un bureau de projet pour le « troisième lien» entre Québec et Lévis devrait aussi être officialis­ée.

Famille L’Associatio­n québécoise des centres de la petite enfance (CPE) réclame l’abolition de la modulation des services de garde, et estime à 60 millions $ le montant du réinvestis­sement nécessaire dans le réseau des CPE. De quoi financer l’indexation des dépenses non salariales, rétablir les services alimentair­es à leur niveau d’avant les compressio­ns imposées et assurer le financemen­t des services qui génèrent la qualité des services éducatifs, comme les bureaux coordonnat­eurs.

Culture La Coalition pour la pérennité de la presse d’informatio­n, dont Le Devoir fait partie, réclame des crédits d’impôt remboursab­les pour les coûts de production et les investisse­ments nécessaire­s au virage numérique, de même qu’une exemption de la contributi­on au service de recyclage, qui a augmenté de plus de 1000% en 10 ans. Le gouverneme­nt libéral pourrait acquiescer à leurs demandes, en partie.

Newspapers in French

Newspapers from Canada