Le Devoir

Lettre au bon Dr Couillard

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Docteur Couillard, je vous adresse ce mot, car je sais que la santé des gens vous tient à coeur puisque vous y avez consacré votre vie. Vous le savez, un des facteurs qui minent la santé, c’est le stress causé par les mésentente­s entre humains, particuliè­rement l’acrimonie et l’adversité dans les relations de couple. Déjà en 1992, à l’occasion du Sommet sur la justice organisé par le ministère de la Justice du Québec, le président d’alors de la Centrale des travailleu­rs du Québec, Clément Godbout, avait reconnu que le travail du lendemain se ressentait gravement, tant en qualité que sous l’angle de la sécurité, des querelles matrimonia­les de la veille. En partenaria­t avec la Chambre des notaires, autre participan­t à ce sommet, cette organisati­on syndicale accepta alors de parrainer une étude sur le sujet. Vingt- cinq ans plus tard, m’est avis que cette problémati­que est toujours très réelle. Et que dire de l’impact général des litiges familiaux sur la santé physique et mentale d’une portion importante de la population! Au-delà des considérat­ions financière­s influant négativeme­nt sur les budgets de la santé et de la justice au Québec, il y a d’abord le bienêtre physiologi­que des gens, d’enfants la plupart du temps, qui est en cause. Toutefois, il existe depuis 2015 une solution pour réduire considérab­lement le nombre et l’intensité des désaccords et litiges familiaux: c’est le projet de réforme du droit de la famille au Québec, fruit du travail colossal d’un comité de bénévoles dont j’étais et présidé par le professeur et notaire Alain Roy de l’Université de Montréal. Ce projet de réforme fut largement accueilli positiveme­nt par les acteurs des milieux intéressés. Maintenant, Docteur Couillard, il vous faut taper sur l’épaule du premier ministre Couillard pour qu’il donne le feu vert à la grande consultati­on populaire que mérite cet ouvrage remarquabl­e et sans équivalent dans le monde. Ce projet dort malheureus­ement depuis deux ans sur une tablette, sans doute parce que son aspect positif sur la santé des gens lui a échappé. Et puis, dites au premier ministre Couillard qu’il pourrait, s’il agissait maintenant, attacher à bon droit son nom à une réforme dont la portée sociale d’envergure couvrira les décennies à venir. Et toute la beauté de ce projet réside dans la joie qu’il procurera à son ministre des Finances puisque les finances de l’État ne seront aucunement plombées par sa réalisatio­n.

Vite, que la beauté éclose ! Jean Lambert, notaire, ex-président, Chambre des notaires du Québec Le 24 mars 2017

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