Un budget décevant pour le milieu de la culture
Le budget du Conseil des arts et des lettres du Québec n’est pas haussé
La culture serait-elle la grande oubliée du budget Leitão 2017? Le Mouvement pour les arts et les lettres (MAL) déplorait mercredi l’absence de nouvelles sommes pour gonfler le budget du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), déjà insuffisant, selon le MAL. Et les choix du budget semblent privilégier le béton plutôt que la création.
«À première vue, on stagne, mais quand on s’y penche, on réalise que le budget est revu à la baisse», explique en entrevue téléphonique le porte-parole du MAL, Dominic Trudel, aussi directeur du Conseil québécois de la musique. Le budget du CALQ est amputé de 1 million de dollars, celui de la SODEC de 2,5 millions, avec en contrepartie une hausse des crédits du ministère de la Culture pour l’aide aux projets. «Cette hausse n’est qu’apparente, analyse M. Trudel, ce n’est en fait que du déplacement d’enveloppe, de l’argent du Plan culturel numérique, non récurrent et terminé, qui est rapatrié là.»
Le MAL s’est aussi penché, dans l’aide aux transferts, sur les crédits pour les organismes et ministères. «On note une hausse, de 603 à 609 millions de dollars. Mais si on zoome sur l’aide aux immobilisations, celle-ci y augmente de
16 millions. Il manque donc dix millions, récupérés en grenailles coupées ici et là. De toute évidence, il y a une baisse d’argent en culture.» Estce à dire que le budget dévoilé mardi à Québec choisit d’investir dans le béton plutôt que dans la création et les artistes? «C’est ce que nous disent les chiffres», confirme M. Trudel.
Saupoudrage
Ce choix du gouvernement semble d’autant plus cruel au MAL que cette année est particulière pour le CALQ. «Tous les organismes soutenus au fonctionnement sont dans une année d’évaluation pour le prochain soutien pluriannuel — le soutien à la programmation et le soutien à la programmation spécifique. Donc, c’est cette année que se décident les budgets des quatre prochaines années. Sans argent supplémentaire, le CALQ ne pourra même pas continuer à soutenir les organismes qu’il soutenait déjà ni accueillir la relève — car il n’y aura pas de nouveaux fonds disponibles — ni répondre aux nouvelles réalités si le Plan numérique est annulé, ou avec une enveloppe vide. » En plein renouvellement de la Politique culturelle, le coeur créatif doit continuer à travailler et créer, il doit battre dans des conditions qui ne s’améliorent pas, se désole le porte-parole.
Dominic Trudel a tenu à saluer la réponse à quelques urgences, en musique, entre autres. «Il y a 5 millions de dollars accordés, répartis sur deux ans. C’est minime, mais bienvenu. Et une nouvelle mesure, un programme qui sera vraisemblablement géré par la SODEC, une enveloppe d’un million de dollars pour encourager les producteurs de films et de jeux vidéo à engager des musiciens québécois. Mais on reste dans le saupoudrage.»
Depuis des années, le MAL demande d’augmenter le budget du CALQ à 135 millions de dollars, ce qui permettrait de répondre à la demande, mais aussi de surmonter «les effets négatifs de la non-indexation des aides financières accordées par le CALQ.»