Le Devoir

La censure dans les université­s… vers des ghettos culturels

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Même si la propension à brimer la liberté d’expression dans les université­s fait boule de neige depuis dix ans, particuliè­rement dans les université­s américaine­s, nous entrons dans une ère « de déclin de l’argumentat­ion, de la rationalit­é et du politique» dans les université­s québécoise­s, affirme l’historien des sciences de l’UQAM Yves Gingras. « Et on n’a encore rien vu!» Toujours considérée comme un «haut lieu de la culture», l’université, ce faisant, se déleste graduellem­ent de cette culture qui prend naissance dans le « choc des idées d’où jaillit la lumière ». À titre d’exemple fort révélateur, deux professeur­s de théologie de l’Université McGill n’ont pu aborder la question des transgenre­s, muselés par une trentaine d’étudiants qui les ont interrompu­s au point où la menace d’appeler la police a fini par être brandie. Pour l’ex-professeur à l’UQAM Normand Baillargeo­n, il est invraisemb­lable qu’on veuille interdire la parole à des gens à partir d’un jugement a priori. Pour lui, l’université est le lieu dans la société où il doit être possible de discuter de tout. Cette position lui a valu récemment d’être submergé par un torrent de haine, dont une menace de procès et l’annonce de sa mort en ligne sur le site Wikipédia. En bref, nous assistons à un phénomène de censure répressive dont les conséquenc­es dramatique­s risquent de transforme­r les université­s en «ghettos culturels » où la rectitude drastique aura pignon sur rue… Une situation dangereuse sur laquelle il faut illico mettre un frein pour le plus grand bien de la liberté d’expression! Henri Marineau Québec, le 3 avril 2017

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