Le Devoir

Bombardier continue d’alimenter les débats

- PATRICE BERGERON à Québec

Le gouverneme­nt Couillard a bloqué mercredi une nouvelle tentative de l’opposition visant à inciter la direction de Bombardier à abandonner ses augmentati­ons pour 2016.

La motion de l’opposition officielle en ce sens a été battue à 61 voix contre 43 lors d’un vote en fin de journée. Les députés libéraux ont dû se lever tour à tour pour voter contre la motion, approuvant donc du même coup les hausses évaluées à 44 pour cent pour le président-directeur général, Alain Bellemare.

Depuis près d’une semaine, l’opinion publique est scandalisé­e par les majoration­s de salaire des hauts dirigeants de Bombardier, une entreprise qui a été sauvée de la faillite par une injection massive de plus de 3 milliards de dollars de fonds publics.

Selon le député péquiste de Sanguinet, Alain Therrien, qui a présenté la motion, le gouverneme­nt aurait dû exiger des grands patrons de Bombardier qu’ils renoncent à leur hausse de rémunérati­on pour 2016, «mais pour ça, il faut s’acheter une colonne vertébrale» que n’a pas le gouverneme­nt Couillard.

Il a accusé le premier ministre de ne pas dire la vérité aux Québécois, parce que les hauts dirigeants toucheront de généreux bonis en 2016-2017, bien avant que l’entreprise soit profitable. M. Bellemare, qui touchait près de 1,4 million $US en bonis en 2015, allait empocher 2,36 millions $US pour 2016, montant à payer l’année suivante, soit 2017.

Rappelons qu’à la suite du tollé, Bombardier a reporté de 2019 à 2020 le versement de la deuxième moitié des 32 millions $US de hausses prévues au total pour ses hauts dirigeants, tandis que la première moitié, soit 16 millions, allait cependant être versée comme prévu.

Pour sa part, la ministre de l’Économie, Dominique Anglade, a justifié la position du gouverneme­nt en affirmant que Bombardier avait posé un «geste clair» en reportant la hausse de la rémunérati­on globale de 2019 à 2020.

«La colère est encore là, mais il ne faut jamais perdre de vue l’objectif: […] on veut créer des emplois, que l’industrie de l’aérospatia­le prospère», a-telle affirmé en Chambre pendant le débat.

Mardi, le gouverneme­nt avait refusé de débattre de chacune des motions présentées par les trois partis d’opposition, autant celle du Parti québécois (PQ) que celle de la Coalition avenir Québec (CAQ) et celle de Québec solidaire (QS).

Mercredi, pendant la période de questions, l’opposition a concentré ses tirs sur le président du conseil d’administra­tion de Bombardier, Pierre Beaudoin, à qui on reproche de gagner bien plus que ses homologues malgré les déboires de l’entreprise.

Le chef caquiste, François Legault, a notamment souligné que le président du C.A. d’Airbus en Europe gagnait 240 000euros par an, celui de Boeing, 326 000 $US, tandis que M. Beaudoin empoche 5 millions $CAN même après avoir renoncé à sa toute dernière hausse de salaire.

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