La grogne des députés n’inquiète pas Martine Ouellet
Une majorité de son caucus a beau sembler insatisfaite de son début de règne, Martine Ouellet ne s’inquiète pas. Ce genre de bisbille n’a rien d’anormal au sein d’un parti politique et les bloquistes sont unis pour la cause, assure-t-elle, sans toutefois laisser présager un ajustement de sa part.
«Je sais que l’ensemble des députés du Bloc québécois ont à coeur le parti du Bloc québécois et j’ai confiance. Les discussions vont se poursuivre et on est dans ces discussions d’ajustement normales actuellement», a commenté la nouvelle chef, à Québec.
Quelques bloquistes ont critiqué depuis deux semaines, en coulisses au Devoir, les nominations de Martine Ouellet au sein de son équipe parlementaire et une centralisation des ressources du parti aux mains de celle-ci. «C’est un signe d’ajustement de parcours, estime Martine Ouellet. J’ai été six ans députée au Parti québécois et ça fait partie de la vie parlementaire.»
Or, Martine Ouellet n’a pas l’intention de corriger ce qui irrite plusieurs de ses députés. Ceux-ci en ont contre son homme de confiance à Ottawa, le député Xavier Barsalou-Duval, qu’elle a nommé son chef parlementaire. Mme Ouellet ne prévoit pas le muter.
À leur arrivée au Parlement mercredi, les bloquistes ont tenté de se montrer bons soldats, mais ils ont refusé d’appuyer publiquement Xavier Barsalou-Duval. «On chemine. Ça va bien. On travaille ensemble pour notre but commun, qui est de démontrer les obstacles du fédéral envers le Québec», a insisté Monique Pauzé. « Tout le monde est uni derrière la cause. La cause, c’est l’indépendance du Québec », a renchéri Simon Marcil. Sont-ils tous unis derrière M. Barsalou-Duval? Ni l’un ni l’autre n’a répondu.
À la chef de décider
Xavier Barsalou-Duval, de son côté, s’en remet à sa chef. Les décisions internes sont les siennes, et ce sera à Martine Ouellet d’ajuster le tir si elle le souhaite. Mais il ne prévoit pas céder lui-même les rênes.
« Non, ce n’est pas dans mes intentions, a-t-il répondu au Devoir. Et je ne vois pas pourquoi non plus. […] Je n’ai jamais senti ce malaise-là.» Aucun de ses collègues ne lui aurait fait part de ses préoccupations, a-t-il argué. «J’ai été nommé par Martine Ouellet chef parlementaire. C’est son droit en tant que chef du Bloc québécois de désigner les officiers qu’elle décide de nommer.»
Or, certains bloquistes auraient soutenu la candidature de Mme Ouellet à la direction du Bloc en lui demandent en échange qu’elle ne nomme pas Xavier Barsalou-Duval son chef parlementaire. Ces députés se seraient sentis trahis lorsque la nouvelle chef a fait le contraire, ont confié certains d’entre eux au Devoir.
Sept des dix députés refusent en outre de confier à M. Barsalou-Duval la mise en commun d’une part de leurs fonds pour rémunérer les adjoints aux communications ou à la procédure parlementaire du caucus. La majorité des élus veut que ce budget relève de leur collègue Monique Pauzé. Martine Ouellet souhaite que M. BarsalouDuval en soit responsable, selon nos informations.
Mme Ouellet ne s’est pas jointe par téléphone au caucus bloquiste mercredi matin, car elle participait au même moment à la période des questions à l’Assemblée nationale. La prochaine rencontre du caucus est prévue lundi — jour des visites de la chef bloquiste à Ottawa.
J’ai été six ans députée au Parti québécois et ça fait partie de la vie parlementaire Martine Ouellet, chef du Bloc québécois