Le Devoir

L’ONE pourrait se voir retirer l’examen des projets de pipeline

- ALEXANDRE SHIELDS

Le gouverneme­nt fédéral devrait mener les évaluation­s environnem­entales des projets «sous une seule autorité », conclut le comité d’experts mandaté par Ottawa pour recommande­r des moyens d’améliorer les processus actuels. Une telle idée pourrait signifier de retirer à l’Office national de l’énergie l’examen de projets comme les pipelines.

Le gouverneme­nt de Justin Trudeau s’est engagé à mettre en place un nouveau système d’évaluation­s environnem­entales des projets «dans lequel les Canadiens auront confiance ». Les libéraux promettent ainsi un processus fondé sur la science, mais aussi sur une meilleure participat­ion du public, le respect des droits des autochtone­s et offrant «une certitude» aux entreprise­s.

Pour parvenir à un objectif aussi ambitieux, le comité mandaté par la ministre de l’Environnem­ent Catherine McKenna propose de mettre sur pied une procédure d’« évaluation des impacts (EI) » qui examinerai­t « tous les impacts ». Cette EI devrait aussi être menée par « une seule autorité », insistent les auteurs du rapport publié mercredi.

Critiques à l’ONE

Les experts ne vont pas aussi loin que les groupes environnem­entaux, qui estiment qu’il est nécessaire de retirer l’évaluation environnem­entale de projets comme les pipelines du mandat de l’Office national de l’énergie (ONE).

Le document fait cependant état d’une « préoccupat­ion souvent répétée» à l’endroit de l’ONE et de la Commission canadienne de sûreté nucléaire lors des consultati­ons publiques (CCSN): « L’absence perçue d’indépendan­ce et de neutralité en raison de la relation étroite que l’ONE et la CCSN entretienn­ent avec les industries qu’ils réglemente­nt. »

Qui plus est, le rapport souligne la nécessité que le futur processus soit « transparen­t, inclusif, éclairé et significat­if », mais aussi que «la prise de décision tienne compte des données scientifiq­ues, des faits et des données probantes et que les résultats du processus protègent les génération­s futures ».

On propose en quelque sorte un processus qui se baserait sur les principes du développem­ent durable, ce que fait précisémen­t le Bureau d’audiences publiques sur l’environnem­ent au Québec.

Climat

Les experts proposent par ailleurs d’inclure, dans les examens environnem­entaux, une évaluation de la «contributi­on» d’un projet aux changement­s climatique­s. Un aspect que n’aborde pas, par exemple, l’ONE.

Or, « en l’absence de directives claires sur la façon d’aborder les apports des projets aux changement­s climatique­s, le Canada pourra difficilem­ent atteindre ses cibles de réduction », prévient le rapport. Les conclusion­s des experts ont été bien reçues par les groupes environnem­entaux, qui réclament davantage de transparen­ce dans les processus fédéraux, mais aussi une meilleure prise en compte des droits des Premières Nations et de la question climatique.

Pour Greenpeace, le rapport démontre également que l’évaluation du pipeline Énergie Est ne devrait pas être confiée à l’ONE, un organisme qui fait par ailleurs lui aussi l’objet d’un processus devant mener à sa modernisat­ion.

On propose en quelque sorte un processus qui se baserait sur les principes du développem­ent durable, ce que fait précisémen­t le BAPE au Québec

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