Penser l’architecture des écoles
Le gouvernement Couillard semble aujourd’hui se soucier de l’architecture des écoles québécoises, dont on voudrait qu’elles soient parmi «les plus stimulantes et admirées au monde», peut-on lire dans un des documents du dernier budget Leitão. Ainsi, le ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Sébastien Proulx, annoncera la mise sur pied de Labécole, un projet présenté par l’architecte Pierre Thibault, le chef Ricardo Larrivée et Pierre Lavoie, fondateur d’un événement sportif qui porte son nom. Lab-école, qui bénéficiera d’une subvention de 1,5 million par an, aura pour mandat de développer des concepts d’écoles contemporaines en s’inspirant, notamment, de modèles étrangers.
À quoi bon rêver de construire des écoles inspirantes si les projets novateurs ne passent pas les mailles du ministère et de la Société québécoise des infrastructures (SQI)? À Montréal, ce fut le cas de la nouvelle école Saint-Gérard, dont l’atrium en bois sur trois étages, qui figurait dans les plans originaux, a été sacrifié, de même que le toit vert où on souhaitait aménager un jardin. Une économie de 15%, ou 3 millions, une dépense somme toute modeste si elle est amortie sur 50 ans.
Lab-école fut décrié par des représentants du milieu de l’éducation, notamment les syndicats. Pierre Thibault soutient qu’enseignants, parents, élèves, élus municipaux seront consultés. Après tout, un architecte doit avant tout répondre aux besoins des usagers. Il faut repenser l’école, en faire un foyer culturel, mettre au rebut les normes dépassées du ministère, en finir avec ces cours d’asphalte entourées de clôtures Frost qui ressemblent davantage à des parcs à chiens qu’à un milieu de vie épanouissant.
On pense aux nouvelles écoles qu’il faut construire non seulement dans les villes de banlieue en expansion, mais aussi à Montréal. La Commission scolaire de Montréal accueillera 1000 élèves de plus par an au cours des dix prochaines années, l’équivalent de trois nouvelles écoles de plus chaque année.
Mais il faut également penser aux écoles existantes, dont un grand nombre furent érigées dans les années 1950 et 1960. Rendues en fin de cycle, elles furent construites alors que les élèves ne mangeaient pas à l’école et qu’il n’y avait pas de service de garde. On ne peut se contenter de les rénover à l’identique. Quelque deux milliards par an devront y être consacrés de toute façon.
Une école lumineuse, conçue comme milieu de vie attrayant, peut contribuer à la réussite des élèves. Il est temps qu’au Québec on s’en rende compte.