Le Devoir

Pas de marque « Laguiole » pour les couteaux, tranche la Cour

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Bruxelles — La justice européenne a définitive­ment annulé mercredi la marque «Laguiole» pour la vente de couteaux, déposée par un entreprene­ur du Val-de-Marne, en banlieue parisienne, qui reste cependant autorisé à utiliser le nom de la commune aveyronnai­se pour d’autres produits.

Cet arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) entérine une décision rendue en 2014 par le Tribunal de première instance de l’UE.

La marque Laguiole a été déposée en France en 1993 par un habitant du Val-deMarne, Gilbert Szajner, pour vendre non seulement de la coutelleri­e, qui a fait la réputation mondiale de ce bourg du sud-ouest de la France depuis le XIXe siècle, mais également des vêtements, des meubles, des briquets ou des jouets — au total 38 classes de produits.

Contre redevance, il accorde des licences à des entreprise­s françaises et étrangères qui peuvent commercial­iser des produits, parfois importés, sous le nom Laguiole.

Contestati­on

M. Szajner avait demandé en 2001 l’enregistre­ment de la marque au niveau européen auprès de l’EUIPO, l’office chargé de l’enregistre­ment des marques dans l’Union européenne, ce qui lui avait été accordé en 2005.

Mais la société Forge de Laguiole, qui avait relancé en 1987 la fabricatio­n du fameux couteau dans le village, avait demandé auprès du même office l’annulation de la marque, ce qu’elle avait obtenu « en raison du risque de confusion existant» entre son nom, plus ancien, et celui de la marque Laguiole.

Saisie par M. Szajner, la justice européenne avait confirmé l’annulation de la marque Laguiole, mais uniquement pour les domaines où Forge de Laguiole exerce une activité, c’est-à-dire essentiell­ement « la coutelleri­e et les couverts».

« La protection dont peut se prévaloir Forge de Laguiole au titre de sa dénominati­on sociale ne vaut que pour les activités effectivem­ent exercées par cette entreprise », a confirmé mercredi la CJUE, qui avait été saisie après cette première décision.

Cette procédure entre deux entreprise­s devant la justice européenne doit être distinguée d’une autre procédure, devant la justice française, toujours contre M. Sazjner, mais déclenchée cette fois-ci par la commune de Laguiole ellemême, qui s’estime « spoliée » de son nom.

Risque d’induire en erreur

La Cour de cassation a cassé fin 2016 un arrêt défavorabl­e au village de 1200 habitants rendu par la Cour d’appel de Paris, qui estimait que « le couteau Laguiole » était « un nom de couteau entré dans le langage courant».

La haute juridictio­n juge au contraire qu’il existe un risque d’«induire en erreur le consommate­ur moyen» en laissant croire que les produits de la marque Laguiole sont « originaire­s de ladite commune».

L’affaire a été renvoyée devant la Cour d’appel, mais la date du nouveau procès reste inconnue.

 ?? JOSE A. TORRES AGENCE FRANCE-PRESSE ?? En 2012, les habitants de Laguiole avaient symbolique­ment retiré le panneau d’identifica­tion du village pour protester contre la perte de contrôle sur la marque.
JOSE A. TORRES AGENCE FRANCE-PRESSE En 2012, les habitants de Laguiole avaient symbolique­ment retiré le panneau d’identifica­tion du village pour protester contre la perte de contrôle sur la marque.

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