Le Devoir

Les hausses de tarifs devront être modestes à l’avenir, prévient Québec

- JOCELYNE RICHER à Québec

En payant leur facture d’électricit­é ces dernières années, les Québécois ont contribué, à leur insu, à accélérer le retour à l’équilibre budgétaire.

Le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, a reconnu mercredi qu’HydroQuébe­c avait imposé aux abonnés des tarifs plus élevés que nécessaire depuis 2008.

Les «trop-perçus» ainsi accumulés au fil des ans ont servi à combler le déficit, a-t-il commenté lors d’une mêlée de presse.

Mais maintenant que le Québec a réussi à rétablir l’équilibre budgétaire, Hydro-Québec devra se montrer modeste à l’avenir au moment de présenter ses demandes d’augmentati­ons tarifaires.

Les hausses de tarifs d’électricit­é devront donc être très faibles désormais, a-t-il prévenu. «L’équilibre budgétaire étant atteint, évidemment, cette question des trop-perçus va cesser et va être retournée aux consommate­urs», a indiqué M. Arcand.

Pas de remboursem­ent

Mais il n’est pas question ici de remboursem­ent rétroactif aux abonnés. Le ministre a plutôt en tête de préconiser des hausses tarifaires minimales à l’avenir, ce qu’il appelle un «impact positif pour le consommate­ur».

Chose certaine, «il va y avoir une incidence sur les tarifs futurs», selon lui.

La décision à ce sujet remonte en fait au budget 2014-2015, quand Québec, bien au fait de la situation, a choisi de mettre fin à la pratique consistant à transforme­r les trop-perçus en dividendes, mais seulement quand l’équilibre budgétaire serait atteint.

C’est la Régie de l’énergie qui doit évaluer la pertinence des demandes de hausses tarifaires formulées le premier jour du mois d’août de chaque année par la société d’État, à partir de ses prévisions de demande de consommati­on. C’est la Régie qui fixe les tarifs après étude.

L’indépendan­ce de la Régie

Le porte-parole d’Option consommate­urs, Olivier Bourgeois, craint pour l’indépendan­ce de la Régie, censée avoir les coudées franches pour déterminer les tarifs, sans aucune pression gouverneme­ntale.

Cette histoire démontre pourtant que « son pouvoir s’effrite», selon lui. Car plus le gouverneme­nt s’immisce dans le processus servant à déterminer les tarifs et «plus on peut croire que les tarifs ne sont pas fixés en fonction des coûts, mais en fonction des besoins gouverneme­ntaux» du moment. Or, rappelle-t-il en entrevue téléphoniq­ue, la Régie a été créée expresséme­nt pour éviter ce genre de scénario.

Mais déjà, Hydro tend à se montrer moins gourmande. Cette année, comme l’année précédente, le tarif d’électricit­é a grimpé de 0,7 % le 1er avril, soit moins que l’inflation.

Depuis 2008, au total, les abonnés ont payé en trop 1,4 milliard pour de l’électricit­é jamais consommée, une informatio­n confirmée mercredi par la société d’État.

Le gouverneme­nt était au courant depuis des années qu’Hydro-Québec amassait ces tropperçus, qui se transforma­ient en précieux dividendes dans les coffres de l’État.

Maintenant que le déficit a été vaincu, Québec demande à sa société d’État de « mieux contrôler ses coûts », a commenté M. Arcand.

Près des prévisions

Chez Hydro-Québec, malgré l’écart observé de 1,4 milliard entre les besoins et les revenus depuis 2008, on soutient que les prévisions budgétaire­s ont été, dans l’ensemble, fort justes.

L’écart de rendement représente « moins que 1% sur nos prévisions budgétaire­s», a calculé le porte-parole de la société d’État, Louis-Olivier Batty, en rappelant que le budget total de distributi­on d’électricit­é atteint quelque 12 milliards annuelleme­nt.

Il note aussi que l’écart budgétaire est en partie dû à des gains d’efficience obtenus durant l’année au sein de la société d’État et que ces gains profitent aux abonnés, au bout du compte.

«On n’a pas surfacturé nos clients», a-t-il précisé en entrevue téléphoniq­ue.

« Nos prévisions budgétaire­s étaient justes. Nos clients ont payé le juste prix» pour leur électricit­é, selon lui.

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MICHAËL MONNIER LE DEVOIR Hydro-Québec avait imposé aux abonnés des tarifs plus élevés que nécessaire depuis 2008.

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