Le Devoir

O’Leary veut mettre les provinces au pas

- HÉLÈNE BUZZETTI Correspond­ante parlementa­ire à Ottawa

S’il est élu chef conservate­ur, puis premier ministre, Kevin O’Leary entend dicter leur conduite aux premiers ministres provinciau­x. Il se réservera le droit de réduire unilatéral­ement les transferts fédéraux aux provinces qui haussent les impôts ou qui refusent d’exploiter leurs ressources pétrolière­s.

Vendredi à Toronto, le candidat à la chefferie conservatr­ice s’est engagé à réduire les taux d’imposition des entreprise­s et des particulie­rs. Pour les entreprise­s, le taux serait abaissé de 15% à 10%. Pour les particulie­rs, les taux envisagés seront annoncés plus tard, de manière à les arrimer aux taux américains que le gouverneme­nt de Donald Trump doit modifier sous peu. L’objectif sera de faire en sorte que le taux combiné fédéral et provincial ne dépasse pas 25% pour les entreprise­s et 50% pour les particulie­rs. Une province qui aurait le malheur de hausser son taux de sorte que les plafonds dictés par M. O’Leary soient dépassés serait financière­ment punie.

«Si vous allez au-delà, je le déduirai de vos paiements de transferts», a expliqué la vedette de téléréalit­é en entrevue téléphoniq­ue avec Le Devoir. Mais il y a légiférati­on en matière de transferts versés par Ottawa aux fins de santé, de services sociaux ou encore de péréquatio­n. Comment procédera-t-il? «Je vais simplement changer la formule, c’est tout. »

Que répond-il à ceux qui estiment qu’il ne comprend pas le fonctionne­ment de la fédération canadienne, où les premiers ministres provinciau­x ne sont pas subordonné­s au premier ministre fédéral? «Tous les premiers ministres provinciau­x sont mes partenaire­s. […] Mais s’ils ont un programme qui est anti-croissance, anti-emplois, une taxe sur le carbone par exemple, tout ce qui nuit à un mandat de 3 % de croissance, alors ils sentiront tout le poids du gouverneme­nt fédéral.»

Il donne l’exemple du Nouveau-Brunswick, où il a fait campagne. «Le premier ministre d’une province ne représente qu’un seul vote. Moi, j’écoute la population en entier, et elle me dit qu’elle n’est pas contente.» Il n’accepte pas que le NouveauBru­nswick ait imposé un moratoire sur l’exploitati­on des gaz de schiste, alors qu’il reçoit de la péréquatio­n parce qu’il est jugé moins riche que la moyenne canadienne.

Kevin O’Leary compare le Canada à une entreprise privée dont il serait, en tant que premier ministre, le grand patron. «Si un premier ministre me propose un autre plan pour atteindre ce 3% de croissance, je vais l’appuyer. […] C’est ça, la cible. Reviens-moi avec de bonnes idées. C’est exactement comme cela que je gère mes entreprise­s. Tout le monde a des cibles et tout le monde travaille pour les atteindre.»

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CHRIS YOUNG LA PRESSE CANADIENNE Kevin O’Leary

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