Solidarité nécessaire
Depuis le début de la guerre en Syrie, le régime du président Bachar al-Assad a utilisé à plusieurs reprises des armes chimiques contre son propre peuple, et chaque fois, en toute impunité, la Russie usant de son veto pour bloquer toute réponse des Nations unies. Dans ce contexte, la décision du président américain, Donald Trump, de répliquer militairement à l’attaque à l’arme chimique menée mardi contre les hommes, femmes et enfants de Khan Cheikhoun représente un avertissement musclé mais nécessaire.
À part Moscou, les grandes capitales occidentales ont appuyé ces frappes aériennes, témoignant ainsi d’un ras-le-bol collectif tout en s’assurant de parler d’une seule voix. Le Canada a fait de même, mais comme plusieurs de ses homologues, le premier ministre Justin Trudeau a pesé ses mots.
Le Canada a appuyé une «intervention limitée et ciblée» des États-Unis pour réduire la capacité du régime syrien de «perpétrer des attaques aux armes chimiques contre des civils innocents, dont de nombreux enfants». « Nous ne pouvons pas permettre que ces horribles attaques puissent continuer de se produire en toute impunité», a-t-il ajouté. La prudence s’imposait et s’impose toujours, car personne ne peut encore mesurer les retombées de cette riposte militaire ou son possible effet domino dans la région. On ignore si elle aura l’effet désiré, et surtout ce qu’entendent maintenant faire les Américains. Pour l’instant, Washington parle d’une réplique pour punir un acte précis. Il n’est pas question d’une intervention militaire continue et à grande échelle en sol syrien. Mais Donald Trump est un homme imprévisible dont la position par rapport à la Syrie a radicalement changé en moins d’une semaine.
Le gouvernement canadien doit rester vigilant et user de tout son pouvoir de persuasion, de concert avec ses alliés, pour éviter toute dérive unilatérale américaine. Si cela devait se produire, non seulement le monde et la région en subiraient les lourdes conséquences, mais le Canada aussi, car il a des troupes au sein de la coalition luttant contre le groupe armé État islamique et il vient tout juste de prolonger cette mission. Sans l’ombre d’un débat, soit dit en passant.
Ottawa a toujours privilégié une approche multilatérale, idéalement sous l’égide des Nations unies, pour résoudre les conflits internationaux. Le gouvernement Trudeau n’en déroge pas. Il répète qu’il continue de soutenir les efforts diplomatiques pour mettre fin à cette guerre qui s’éternise. Il doit maintenir le cap, car la solution à ce tragique conflit n’est pas militaire, mais politique, diplomatique et multilatérale. Et elle concerne tous les Canadiens, d’où l’importance d’associer le Parlement à sa réflexion.