Le Devoir

Neil Gorsuch entre à la Cour suprême des États-Unis

- SÉBASTIEN BLANC à Washington

Le magistrat Neil Gorsuch a été confirmé vendredi comme neuvième juge de la Cour suprême des États-Unis, d’où il pourrait rapidement donner des premières satisfacti­ons aux conservate­urs américains et des coups de pouce à la politique de Donald Trump.

Au terme d’un bras de fer de plus d’un an opposant démocrates et républicai­ns sur ce siège laissé vacant par le décès du juge Antonin Scalia, le Sénat à majorité républicai­ne a adoubé le magistrat âgé de 49 ans choisi par le président.

Les républicai­ns avaient abaissé jeudi la majorité requise pour permettre ce scrutin, un changement historique des règles de la chambre haute du Congrès. Neil Gorsuch a été finalement confirmé par 54 voix contre 45.

Nommé à vie à la Cour suprême, il devrait siéger dès la seconde moitié d’avril dans l’élégant édifice de marbre blanc qui fait face au bâtiment du Capitole à Washington.

Apôtre du conservati­sme, on s’attend à ce qu’il se positionne nettement à la droite du collège, dont il va rajeunir la moyenne d’âge. La Cour est actuelleme­nt composée de quatre magistrats conservate­urs et quatre progressis­tes, dont trois femmes.

Il rejoint Elena Kagan (56 ans) et Sonia Sotomayor (62 ans), nommées par Barack Obama, Stephen Breyer (78 ans) et Ruth Bader Ginsburg (84 ans), nommés par Bill Clinton, John Roberts (62 ans) et Samuel Alito (67 ans), nommés par George W. Bush, Clarence Thomas (68 ans), nommé par George H.W. Bush et enfin Anthony Kennedy (80 ans), nommé par Ronald Reagan.

Pour les armes

Grâce à Neil Gorsuch, l’institutio­n qui tranche les grands débats de la société américaine va s’arrimer dans le conservati­sme, possibleme­nt le temps d’une génération. Cela, au grand soulagemen­t des religieux traditiona­listes, des militants des armes à feu, des opposants à l’avortement ou encore des puissants intérêts financiers.

Concrèteme­nt, les experts s’attendent à ce que la Cour suprême tente de faire avancer la jurisprude­nce sur certains dossiers qui divisent fortement les Américains.

«Je pense qu’ils vont commencer à se pencher sur le sujet des armes, notamment les restrictio­ns sur les armes portées en dehors du domicile. Avec Gorsuch, les conservate­urs peuvent avoir une majorité permettant d’invalider certaines de ces restrictio­ns», explique à l’AFP le professeur Lee Epstein, de l’Université Washington à St. Louis.

L’arrivée du juge Gorsuch était également attendue avec impatience par la MaisonBlan­che, qui voit actuelleme­nt sa capacité d’action bridée par le pouvoir judiciaire.

Deux juges fédéraux ont ainsi suspendu les deux versions du décret anti-immigratio­n de Donald Trump. Après ce double camouflet, le président américain s’est gardé d’immédiatem­ent saisir la Cour suprême, par crainte d’être retoqué une nouvelle fois. Mais, l’instance recommença­nt à pencher à droite, les perspectiv­es changent.

«Vu son importance, il est bien possible que la controvers­e sur le décret migratoire finisse à la Cour suprême», confirme l’expert en immigratio­n Stephen Yale-Loehr, selon qui l’audience pourrait se tenir à l’automne.

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