Le Devoir

Toutes les facettes de la recherche en santé

- PIERRE VALLÉE Collaborat­ion spéciale

Fondé en 1938, l’Institut Armand-Frappier, maintenant intégré à l’INRS, porte encore aujourd’hui le nom de son fondateur, le microbiolo­giste et chercheur québécois, Armand Frappier, et ne s’est guère éloigné de l’héritage de ce dernier.

«La contributi­on scientifiq­ue d’Armand Frappier est un modèle à suivre et nous y sommes demeurés fidèles», avance Pierre Talbot, directeur de l’Institut Armand-Frappier. En effet, l’essentiel de la recherche scientifiq­ue effectuée à l’Institut Armand-Frappier porte sur divers aspects de la santé humaine.

C’est la deuxième fois dans sa carrière scientifiq­ue — il est un spécialist­e des coronaviru­s — que Pierre Talbot se retrouve à la barre de l’Institut Armand-Frappier, dont il a dirigé les destinées une première fois de 1998 à 2007. «Lors de mon premier mandat, le plus important défi que nous avons eu à relever a été celui de l’intégratio­n de l’Institut Armand-Frappier à l’INRS. Le second défi était d’obtenir une forme de reconnaiss­ance internatio­nale, ce que nous avons accompli lorsque nous avons convaincu l’Institut Pasteur de nous accepter comme l’un des membres de son réseau internatio­nal. À ce jour, l’Institut Armand-Frappier est le seul centre de recherche en santé en Amérique du Nord à posséder ce statut.»

Quel sera le défi de son second mandat? «Le mandat que l’on m’a confié est clair: faire de l’Institut Armand-Frappier l’un des meilleurs centres de recherche en santé non seulement au Québec et au Canada, mais aussi dans le monde. »

Recherche et enseigneme­nt

La recherche scientifiq­ue à l’Institut Armand-Frappier se divise en trois axes principaux: maladies infectieus­es, immunité, cancer et épidémiolo­gie; microbiolo­gie et biotechnol­ogies; et finalement, toxicologi­e environnem­entale et pharmacolo­gie. Et peu importe l’axe de recherche, la santé humaine est toujours à l’avant-plan. Prenons, par exemple, la toxicologi­e environnem­entale. Il est évident que non seulement les polluants et autres substances toxiques sont nuisibles à l’environnem­ent, mais qu’ils ont aussi un effet délétère sur la santé humaine.

Par contre, ces axes de recherche ne sont pas coulés dans le béton. « C’est pourquoi je préfère utiliser le terme de thématique­s de recherche plutôt que celui d’axes de recherche, car ces orientatio­ns de recherche sont appelées à évoluer au fil des ans et selon les occasions qui se présentero­nt à nous. En recherche scientifiq­ue, il est important de toujours garder un esprit ouvert devant les nouvelles hypothèses qui font leur apparition.»

De plus, l’Institut Armand-Frappier est un centre de recherche complet. « Nous faisons de la recherche fondamenta­le, certes, mais aussi beaucoup de recherche appliquée. Par exemple, nous venons d’accueillir dans nos rangs un pharmacoch­imiste qui travailler­a sur les nouveaux médicament­s. Ensuite, l’Institut Armand-Frappier agit aussi comme incubateur d’entreprise­s, et nous avons à l’interne une personne qui se consacre à la valorisati­on de la recherche.»

L’Institut Armand-Frappier est aussi une maison d’enseigneme­nt aux cycles supérieurs. Il offre une maîtrise en microbiolo­gie appliquée, une maîtrise en sciences expériment­ales de la santé, une maîtrise en virologie et immunologi­e, un doctorat en biologie et un doctorat en virologie et immunologi­e. Il accueille aussi quelques étudiants au post-doctorat.

Environ 200 étudiants le fréquenten­t présenteme­nt et, fait à noter, bon nombre d’entre eux sont des étudiants étrangers. «Nous avons une portion importante de nos étudiants qui viennent de l’étranger. Cela s’explique par le fait que nous éprouvons, encore aujourd’hui, de la difficulté à recruter de jeunes étudiants québécois. Soit les jeunes Québécois sont moins désireux de faire carrière comme chercheur dans le domaine de la santé humaine, soit ils méconnaiss­ent l’Institut Armand-Frappier en tant qu’établissem­ent d’enseigneme­nt, quoique, à ce chapitre, nous fassions beaucoup d’efforts auprès d’eux pour nous faire mieux connaître.» Un de ces efforts est un camp d’été, ou le programme Apprentis en bioscience­s, à l’intention des étudiants des 3e, 4e et 5e années du secondaire. «Le jeune qui participe passe une semaine entre nos murs et doit réaliser un projet de recherche sous la supervisio­n d’un doctorant. Depuis les dix années que le programme existe, nous avons accueilli environ 600 étudiants. C’est notre façon à nous de chercher à allumer la flamme de la recherche scientifiq­ue chez les jeunes.»

Cancer

La recherche sur le cancer occupe une place de choix à l’Institut Armand-Frappier. « Par exemple, nous savons que le cancer du col de l’utérus est causé par un virus, soit le virus du papillome humain. Et nous disposons à l’Institut ArmandFrap­pier d’une longue tradition et d’une expertise reconnue en virologie et en immunologi­e. Donc, il est tout naturel pour nous d’explorer cette voie. Par contre, ce n’est pas la seule voie. Nous avons de la recherche sur le cancer du point de vue moléculair­e tout comme du point de vue épidémiolo­gique. Nous menons même des recherches sur les cellules souches relativeme­nt au cancer.»

C’est pourquoi Pierre Talbot attend avec impatience de connaître les détails concernant le nouvel Oncopole, un partenaria­t public-privé entre le Fonds de recherche du Québec – Santé et la pharmaceut­ique Merck & Co. « Nous savons encore peu de chose concernant le fonctionne­ment de l’Oncopole, mais une chose est certaine, l’Institut Armand-Frappier aimerait bien y apporter sa contributi­on, si cela est possible.» Mais que l’Institut Armand-Frappier soit partie prenante ou non de l’Oncopole, le concept luimême de l’Oncopole a déjà fait des petits à l’Institut Armand-Frappier. «Nous songeons sérieuseme­nt à mettre en place un Infectiopo­le qui servirait de point de rencontre pour les chercheurs en virologie et en immunologi­e. »

«Le mandat que l’on m’a confié est clair: faire de l’Institut Armand-Frappier l’un des meilleurs centres de recherche en santé non seulement au Québec et au Canada, mais aussi dans le monde»

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CHRISTIAN FLEURY Pierre Talbot, directeur de l’Institut Armand-Frappier

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