Le Devoir

Référendum­s Denis Coderre propose un plan à Québec

La Ville propose sa propre politique de consultati­on pour remplacer les référendum­s

- JEANNE CORRIVEAU

Dans la foulée du projet de loi 122 qui prévoit l’abolition des référendum­s municipaux, Montréal propose d’élargir le mandat de l’Office de consultati­on publique de Montréal (OCPM) afin que tous les projets faisant l’objet d’un Programme particulie­r d’urbanisme soient soumis à son analyse. La Ville entend aussi faire en sorte que les séances des comités consultati­fs d’urbanisme ne se tiennent plus à huis clos, a appris Le Devoir.

Le projet de loi 122 déposé à l’Assemblée nationale en décembre dernier, et qui accorde plus d’autonomie aux villes, fera disparaîtr­e les référendum­s. C’est d’ailleurs ce que réclamaien­t les maires Denis Coderre et Régis Labeaume, ainsi que l’Union des municipali­tés du Québec (UMQ). En commission parlementa­ire le 9 février dernier, le maire Coderre avait fait valoir que les référendum­s étaient des « outils d’opposition » et des « irritants » qui empêchaien­t le développem­ent et favorisaie­nt les intérêts d’un petit groupe au détriment de l’intérêt collectif.

Vendredi, l’UMQ a annoncé qu’elle ferait appel à l’Institut du Nouveau Monde (INM) pour élaborer un nouveau cadre de consultati­on destiné à l’ensemble des municipali­tés afin de pallier l’abolition des référendum­s qui suscite de vives critiques.

Le rôle de l’OCPM

Montréal a son propre plan. Dans un document qu’elle a transmis au ministère des Affaires municipale­s, la Ville propose que l’OCPM étudie tous les projets qui font l’objet d’un Plan particulie­r d’urbanisme (PPU), qu’ils soient l’initiative de la ville-centre ou des arrondisse­ments.

La Ville suggère aussi que les changement­s réglementa­ires qui sont nécessaire­s à la réalisatio­n de projets assujettis à l’article 89 de la Charte de la Ville — c’est-à-dire les projets d’équipement­s collectifs, institutio­nnels ou d’enseigneme­nt ainsi que ceux situés dans le quartier des affaires, par exemple — fassent l’objet d’une seule consultati­on devant l’OCPM.

L’idée est de rendre plus systématiq­ue l’étude de projets par l’OCPM. Mais cela ne signifie pas que tous les projets impliquant une modificati­on au zonage soient soumis à la consultati­on par l’OCPM.

À titre d’exemple, l’agrandisse­ment de l’épicerie Métro Bellemare, qui fait actuelleme­nt controvers­e dans Verdun, doit faire l’objet d’un référendum puisque le registre ouvert a recueilli suffisamme­nt de signatures. Avec les nouvelles règles, l’option du référendum ne serait plus possible. Mais le projet ne serait pas automatiqu­ement soumis à l’OCPM, à moins que le conseil municipal ne le dépose en vertu de l’article 89 de la Charte, un traitement habituelle­ment réservé aux projets d’envergure.

Comme l’OCPM devrait voir le nombre de ses mandats augmenter, son budget pourrait être accru en conséquenc­e.

Finis les huis clos des CCU

Question de stimuler la participat­ion citoyenne, la Ville veut améliorer ses outils de communicat­ion et rendre plus compréhens­ibles les avis publics qu’elle publie. À l’heure actuelle, les avis qu’elle diffuse sont difficiles à déchiffrer, voire impossible­s à comprendre, pour le commun des citoyens. Elle voudrait aussi élaborer de nouveaux outils informatiq­ues de communicat­ion pour recueillir les commentair­es des citoyens.

Le fonctionne­ment des Comités consultati­fs d’urbanisme (CCU) sera aussi revu. Selon les règles actuelles, ces comités composés d’élus et de citoyens qui donnent leur avis sur des projets locaux se réunissent à huis clos. La Ville souhaite que ces réunions soient désormais publiques et qu’elles prévoient une période de questions des citoyens. Elle pourrait aussi revoir la compositio­n de ces CCU dans une étape ultérieure.

Cette nouvelle politique devrait être inscrite dans la loi, estime la Ville, et une révision tous les 10 ans devrait être obligatoir­e.

Le dernier rempart

Ces règles suffiront-elles à calmer les critiques à l’égard de la disparitio­n des référendum­s? Car, faut-il le rappeler, le rôle de l’OCPM se limite à celui de faire des recommanda­tions à la Ville et celle-ci est libre de les appliquer comme bon lui semble.

Lors de la dernière assemblée du conseil municipal, la chef de Projet Montréal, Valérie Plante, avait décrit les référendum­s comme « le dernier rempart de la démocratie montréalai­se». Vouloir les faire disparaîtr­e, «c’est alimenter le cynisme de la population sur les élites politiques », avait-elle dit.

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Denis Coderre

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