Le Devoir

Jusqu’à 556 jours pour trouver un médecin de famille

Avec de nouvelles données, la CAQ s’en prend à la réforme Barrette

- CAROLINE MONTPETIT

Près d’un demi-million de Québécois attendent toujours de trouver un médecin de famille, et les délais moyens qu’ils mettront pour en trouver un sont très élevés, soit entre 404 et 556 jours. C’est ce que concluent le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, et son porte-parole en matière de santé, François Paradis, à partir de données que la CAQ a obtenues de la Régie de l’assurance-maladie du Québec par la Loi d’accès à l’informatio­n.

Le chef de la Coalition avenir Québec, qui donnait un point de presse dimanche, croit qu’il serait préférable de demander aux groupes de médecine de famille d’offrir des services sept jours sur sept, plutôt que d’investir, comme le prévoit le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, dans les superclini­ques. Il croit aussi que les médecins devraient être rémunérés à la prise en charge plutôt qu’à l’acte.

La CAQ relève également que, dans 40% des cas, les patients accueillis dans les urgences auraient pu être soignés par un médecin de famille.

De son côté, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette a vivement réagi à ces affirmatio­ns, affirmant que M. Legault et M. Paradis «manipulaie­nt les chiffres».

Selon lui, la loi 20 est un succès parce que 560 000 patients ont eu accès, depuis son instaurati­on, à un médecin de famille. Quant aux délais dont la CAQ fait mention, il dit que ce sont des projection­s faites par ordinateur et qu’elles ne reflètent pas nécessaire­ment ce que la réalité sera. «C’est un ordinateur qui fait des projection­s basées sur le rythme des inscriptio­ns passées, qui a commencé lentement, mais qui est en train de s’accélérer. C’est normal que l’ordinateur fasse cette projection », dit-il.

Mi-parcours

«On est rendus à mi-chemin» de la réforme, dit M. Barrette, ajoutant que celle-ci « est en très bonne voie».

Selon M. Barrette, il n’est absolument pas nécessaire que les groupes de médecine de famille ouvrent leurs portes sept jours sur sept. Le ministre mise en effet plutôt sur l’« accès adapté », par lequel un médecin se rend disponible selon les besoins des patients.

Ce temps de disponibil­ité remplacera­it le temps «perdu» en rendez-vous annuels inutiles, selon M. Barrette. Il cite d’ailleurs des sources américaine­s qui démontrent que les rendez-vous annuels sont inutiles chez une personne de 35 ans, par exemple, qui n’a pas de maladie diagnostiq­uée. «Une personne de 35 ans n’a pas besoin de voir son médecin chaque année », dit-il. Selon lui, «le quart ou le tiers » des médecins de famille fonctionne­nt déjà en fonction de ce principe de l’accès adapté.

Du côté de la Fédération des médecins omnipratic­iens du Québec (FMOQ), on s’insurgeait également contre l’interventi­on de la CAQ, en se réjouissan­t que des dizaines et des dizaines de milliers de Québécois aient désormais accès à un médecin de famille. On précisait aussi que « seulement » 60% des médecins de famille étaient toujours payés à l’acte, les autres étant désormais payés à forfait, ou à tarif fixe.

«C’est sûr qu’il y a toujours place à améliorati­on », a dit le porte-parole de la FMOQ, M. Jean-Pierre Dion, tout en qualifiant l’interventi­on de la CAQ de «spectacle de politicien» du dimanche.

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