Le Devoir

En Syrie, Washington appelle au départ de Bachar al-Assad

- SARA HUSSEIN à Beyrouth

Les relations se sont crispées entre les États-Unis, qui ont appelé dimanche au départ du président syrien Bachar al-Assad, et les alliés de Damas, notamment la Russie et l’Iran, qui ont menacé Washington de représaill­es.

«Il n’existe aucune option où une solution politique pourrait intervenir avec Assad à la tête du régime», a déclaré dimanche l’ambassadri­ce américaine à l’ONU, Nikki Haley, sur la chaîne de télévision CNN. «Si vous regardez ses actions, si vous voyez la situation, ce sera difficile de voir un gouverneme­nt stable et pacifique avec Assad.»

«Nous pensons qu’un changement de régime est quelque chose qui va arriver», a-t-elle poursuivi, ajoutant toutefois que Washington reste aussi focalisé sur la lutte contre le groupe djihadiste État islamique et sur les moyens de mettre fin à l’influence iranienne dans la région.

Après des années durant lesquelles Washington, sous Barack Obama, exigeait sans relâche le départ d’Assad, le nouveau gouverneme­nt ne semblait plus faire une priorité du changement de régime à Damas pour résoudre la guerre meurtrière qui ravage ce pays depuis 2011.

Revirement

Mais les propos de Mme Haley semblent augurer un possible changement d’approche du président américain Donald Trump après «l’attaque chimique » ayant fait mardi au moins 87 morts dont des dizaines d’enfants dans la localité rebelle de Khan Cheikhoun.

Accusant le régime Assad d’en être l’auteur, les ÉtatsUnis ont mené vendredi des frappes contre une base aérienne de l’armée syrienne, les premières en plus de six ans de guerre en Syrie.

Le gouverneme­nt Trump a ensuite informé le Congrès qu’«il pourrait mener des actions supplément­aires».

Répliques

Ces frappes américaine­s ont radicalisé le camp d’en face.

«L’agression contre la Syrie outrepasse toutes les lignes rouges. Désormais, nous réagirons fermement à toute agression contre la Syrie et à toute violation des lignes rouges », a affirmé dans un communiqué la « chambre d’opération conjointe», un organe basé en Syrie qui regroupe la Russie, l’Iran et les forces «alliées » dont le Hezbollah libanais.

«Les États-Unis connaissen­t parfaiteme­nt nos capacités à réagir», ajoute le communiqué publié par le site d’al-Watan, quotidien syrien proche du pouvoir.

Tillerson critique Moscou

Pour sa part, le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, s’est interrogé dimanche, deux jours avant une visite capitale à Moscou, sur les réelles intentions de la Russie en Syrie, où elle s’est montrée selon lui « incompéten­te » pour surveiller l’éliminatio­n de l’arsenal chimique de Damas.

«Clairement, ce sont les alliés de Bachar al-Assad, a repris M. Tillerson à propos des Russes. Ils devraient avoir une grande influence sur lui et le pousser à ne plus utiliser d’armes chimiques. »

Soutien iranien

Le président iranien Hassan Rohani a appelé Bachar al-Assad pour renouveler son soutien et condamner l’attaque américaine, selon l’agence de presse officielle syrienne Sana.

Les « allégation­s selon lesquelles Assad serait derrière cette attaque chimique [de Khan Cheikhoun] sont sans fondement et ont été lancées par des groupes rebelles pour influencer l’opinion publique mondiale », avait affirmé M. Rohani samedi soir dans un communiqué.

Les chefs des armées russe et iranienne ont exprimé samedi leur volonté de poursuivre leur coopératio­n militaire en soutien au président Assad, «jusqu’à la défaite totale des terroriste­s et de ceux qui les soutiennen­t». Iran, Russie et Syrie qualifient de « terroriste­s » tous les opposants au régime syrien.

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