Le Devoir

Constructi­on F. Catania bénéficiai­t d’informatio­ns privilégié­es, selon Lalonde

- JEANNE CORRIVEAU

D ès le printemps 2005, Frank Zampino avait suggéré que Constructi­on F. Catania soit considérée pour la réalisatio­n du projet immobilier, a soutenu l’ingénieur Michel Lalonde lors de son témoignage lundi au procès du Faubourg Contrecoeu­r.

C’était à l’occasion d’un cocktail de financemen­t d’Union Montréal. Michel Lalonde a relaté s’être retrouvé en compagnie de Frank Zampino, alors président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Cosmo Maciocia, responsabl­e du dossier de l’habitation au comité exécutif, et Bernard Trépanier, directeur du financemen­t d’Union Montréal.

Frank Zampino lui aurait dit qu’il serait « intéressan­t » que la firme Constructi­on F. Catania soit bien « positionné­e » en vue de la réalisatio­n du Faubourg Contrecoeu­r, qui en était encore à l’étape des études préliminai­res.

«Ç’a comme envoyé un message», a expliqué Mi- chel Lalonde au tribunal alors qu’il était interrogé par la Couronne.

Le témoin dirigeait à l’époque le Groupe Séguin (devenue Genius par la suite), la firme de génie-conseil qui avait décroché des contrats afin de mener les études préliminai­res pour le Faubourg Contrecoeu­r.

La présence de Catania

Le 1er février 2006, lors d’un lunch auquel participai­ent notamment Frank Zampino, Cosmo Maciocia et Martial Fillion, directeur général de la Société d’habitation et de développem­ent de Montréal (SHDM), il fut convenu que Catania était toute désignée pour réaliser ce projet immobilier, a indiqué le témoin.

Comme la SHDM avait donné le feu vert au projet, le processus menant à l’appel d’offres fut enclenché. Des rencontres techniques se sont tenues entre la SHDM, GGBB et Dessau. À certaines occasions, Catania était au nombre des participan­ts, a précisé le témoin.

Au cours de 2006, Frank Zampino n’est pas intervenu directemen­t dans le dossier, mais, a soutenu Michel Lalonde, Bernard Trépanier disait souvent qu’en cas de problème, les intervenan­ts pouvaient communique­r avec lui et qu’il en parlerait à Frank Zampino.

Tout au long de la préparatio­n du plan d’affaires et du plan directeur, les communicat­ions ont été maintenues avec Catania. Martial Fillion voulait s’assurer que Catania puisse être bien au fait des coûts du projet, a précisé le témoin. Aucune autre entreprise n’a obtenu ces informatio­ns, a-t-il dit.

Les couleuvres

Michel Lalonde a relaté la fois où il a saisi Frank Zampino d’un problème qui bloquait l’avancement du projet, celui des couleuvres brunes. Sa firme n’arrivait pas à obtenir les autorisati­ons requises du ministère de l’Environnem­ent en raison de la présence d’un milieu humide.

Bernard Trépanier a finalement téléphoné au directeur de cabinet de la ministre de l’Environnem­ent, Line Beauchamp, et le dossier s’est réglé.

Trois couleuvres ont été capturées et ont été déplacées.

La Couronne a questionné le témoin sur les estimation­s faites quant aux travaux de décontamin­ation du site, un des enjeux au coeur de ce procès et sur un contrat donné de gré à gré à la firme Groupe SM dirigée par Bernard Poulin afin de valider les coûts de décontamin­ation après que Catania eut remporté l’appel d’offres contre Marton en novembre 2006.

Rappelons que la vente du terrain par la SHDM à Catania s’était conclue à 19,1 millions de dollars. La surévaluat­ion des frais de décontamin­ation du site aurait toutefois fait fondre le prix de vente à 4,4 millions.

Selon la poursuite, les six accusés, parmi lesquels Frank Zampino, auraient eu recours à un stratagème pour privilégie­r Catania pour la réalisatio­n du projet.

En après-midi, la défense a contre-interrogé le témoin, s’attardant notamment à ses déclaratio­ns aux policiers sur son implicatio­n dans le dossier de l’usine d’épuration des eaux à Boisbriand. Son contre-interrogat­oire se poursuit mardi.

Tout au long de la préparatio­n du plan d’affaires et du plan directeur, les communicat­ions auraient été maintenues avec Catania

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