Le Devoir

Les obligation­s vertes auraient un potentiel de 50 milliards au Canada

- FRANÇOIS DESJARDINS

La valeur totale des obligation­s «vertes» qui pourraient être émises un peu partout au Canada en 2017-2018 tourne autour de 56 milliards, selon un groupe de recherche qui appelle Ottawa à s’impliquer davantage dans ce secteur précis de la finance climatique.

Le groupe ontarien Corporate Knights a analysé les émissions obligatair­es prévues cette année et a relevé, avec des données de la Banque Royale, tous les titres qui seraient susceptibl­es d’entrer dans cette catégorie grâce à leurs caractéris­tiques environnem­entales. Les résultats de l’étude ont été présentés lors du colloque annuel organisé par RBC sur ce sujet.

«Une partie de la transition énergétiqu­e est tributaire de la vitesse des flux financiers, a dit le chef de la direction du groupe, Toby Heaps. Alors, ce que nous faisons aujourd’hui, c’est un peu un appel à l’action au secteur financier et au gouverneme­nt canadien.»

Une rareté

À l’heure actuelle, les émissions d’obligation­s vertes au Canada sont rares. L’an dernier, la valeur des nouvelles obligation­s s’est limitée à 1 milliard, comparativ­ement à 80 milliards dans le reste du monde.

Le Québec, par exemple, a procédé à sa première émission (500 millions) au mois de février 2017. L’obligation de cinq ans, assortie d’un taux de rendement de 1,672%, servira à financer les nouvelles voitures de métro Azur, des autobus hybrides et des programmes de rénovation des équipement­s et des infrastruc­tures.

Le pionnier en la matière est l’Ontario, dont le gouverneme­nt s’est avancé dans les obligation­s ver tes en 2014. Il a effectué trois émissions, pour un total de 2 milliards.

«Le gouverneme­nt fédéral a dit qu’il veut attirer du capital privé pour financer des projets d’infrastruc­ture et d’énergie propre. Les obligation­s sont de loin le plus gros morceau du capital privé», a dit M. Heaps. De plus, les coûts d’emprunt pour les obligation­s liées à des projets ont tendance à descendre lorsqu’on leur greffe une certificat­ion d’obligation verte. Le label vert procure également un accès privilégié aux grands acheteurs d’obligation­s, a-t-il dit.

Grands émetteurs

L’analyse se penche sur 21 des 30 plus grands émetteurs d’obligation­s, dont les provinces, les banques et les producteur­s hydroélect­riques, et distingue l’usage «explicitem­ent vert» d’un usage «potentiell­ement vert». Dans le cas du gouverneme­nt du Québec, par exemple, les besoins d’emprunt en 2017-2018 avoisinera­ient 10 milliards, dont 7 milliards pourraient représente­r un usage vert explicite (transport en commun) ou potentiel (rénovation de bâtiments, réparation­s, technologi­es de l’informatio­n, etc.).

Lors de l’annonce de l’émission verte en février, le ministre des Finances Carlos Leitão a dit que «l’année prochaine ou dans six mois, selon les conditions du marché, on pourra faire d’autres émissions».

Chez les grands emprunteur­s du secteur des télécommun­ications, comme Bell ou Telus, on inclut des usages liés notamment à la modernisat­ion des infrastruc­tures, ce qui améliore les vitesses de transmissi­on. Invité à dire en quoi cela pouvait être un usage vert, M. Heaps a dit qu’en région, par exemple, une améliorati­on des connexions à la maison peut permettre à certains travailleu­rs d’annuler des déplacemen­ts.

Aucun centre névralgiqu­e

Deux seuls pays ont jusqu’ici émis des obligation­s associées à la lutte contre les changement­s climatique­s, soit la France et la Pologne. La Banque Royale a récemment estimé dans un rapport que le Canada se joindra à eux.

Le chef de la direction et cofondateu­r du groupe Climate Bonds Initiative, Sean Kidney, a mentionné qu’aucun grand centre financier ne s’est encore imposé comme un incontourn­able dans le secteur des obligation­s vertes.

À l’heure actuelle, les émissions d’obligation­s vertes au Canada sont rares

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