Le Devoir

Tesla passe devant GM en matière de capitalisa­tion boursière

- LUC OLINGA

New York — Tesla a dépassé lundi le premier constructe­ur américain, General Motors (GM), en matière de capitalisa­tion boursière, les investisse­urs pariant sur les nouvelles technologi­es comme avenir de l’automobile.

L’entreprise, créée en 2003 par le milliardai­re et entreprene­ur d’origine sud-africaine Elon Musk, a réussi le tour de force d’éclipser en une semaine Ford et GM, les deux poids lourds historique­s de l’automobile américaine. La capitalisa­tion boursière de Tesla a grimpé lundi jusqu’à 51,56 milliards de dollars, contre 50,26 milliards à General Motors, tandis que Ford pesait 44,84 milliards.

Ce chiffre ne reflète pas le rapport de force entre les deux groupes automobile­s: l’an dernier, la jeune firme californie­nne a produit environ 84 000 véhicules pour un chiffre d’affaires de 7 milliards de dollars, contre 10 millions de voitures à son aîné et plus de 166 milliards de revenus. La part de marché du géant de Detroit sur le marché américain est de 17,3%, contre 0,2% à Tesla, d’après le cabinet Autodata. GM devrait en outre enregistre­r en 2017 un bénéfice aux alentours de 9 milliards, d’après les estimation­s des analystes financiers, alors que Tesla n’est même pas certain de gagner de l’argent.

«Dans les esprits des consommate­urs, des salariés et des actionnair­es, Tesla n’est pas seulement une entreprise, justifie l’analyste Alexander Potter chez Piper Jaffray. Tesla suscite optimisme, liberté, irrévérenc­e et toute une gamme d’autres émotions que, à notre avis, les autres entreprise­s ne peuvent reproduire. »

GM réagit

D’ordinaire muet sur les fluctuatio­ns boursières, GM a réagi promptemen­t lundi, faisant remarquer que Tesla n’était pas rentable et que sa trésorerie était dans le rouge. À l’inverse, «GM est extrêmemen­t rentable et a déjà fait preuve de sa capacité à enregistre­r de solides performanc­es financière­s», souligne auprès de l’AFP un porte-parole.

L’ascension boursière de Tesla, qui ne dispose que d’une seule usine, repose sur la conviction, désormais partagée par beaucoup dans la communauté financière, que les voitures électrique­s et connectées vont envahir les routes dans un proche avenir. «C’est une idée intéressan­te, mais est-elle commercial­ement viable?» s’interroge sous couvert d’anonymat auprès de l’AFP un dirigeant d’un groupe automobile américain. Celui-ci souligne également que la concurrenc­e dans le segment des voitures électrique­s va s’accroître.

En attendant, Tesla, qui pourrait lancer sous peu un service de voiture autonome à la demande, a annoncé récemment un nombre trimestrie­l record de livraisons de voitures (plus de 25 000 voitures au premier trimestre). Outre ses deux modèles haut de gamme, les Model S et Model X, Tesla doit démarrer en juillet la production du Model 3, censé lui ouvrir le marché grand public grâce à un prix plus accessible.

Cette berline, annoncée au prix de base de 35 000 $US et pouvant parcourir 350 kilomètres avec une seule charge, a déjà reçu près de 400 000 précommand­es. Elle devrait aider Tesla à réaliser son objectif de construire 500 000 voitures par an à partir de 2018. Sur ce dernier créneau, GM commercial­ise depuis peu une voiture électrique dont le prix de base est de 30 000$US une fois déduites les aides publiques, la Chevrolet Bolt.

Efforts désespérés des concurrent­s

Il n’empêche, Tesla conserve l’avantage, selon des analystes: «Les produits de Tesla ont le même effet captivant sur les consommate­urs que sur les investisse­urs», avance Alexander Potter, ajoutant que les efforts des concurrent­s sont «désespérés». Ford et GM ne s’avouent pas vaincus et testent actuelleme­nt sur les routes américaine­s des flottes de voitures autonomes. Ford promet d’en produire une en masse à partir de 2021.

Tesla doit par ailleurs encore lever un grand nombre d’incertitud­es: il reste très endetté, son système d’aide à la conduite Autopilot est au centre de polémiques à travers le globe et sa diversific­ation dans le solaire avec le rachat de SolarCity doit encore faire ses preuves.

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