Le Devoir

La croissance des prix a encore ralenti en 2016

- KARL RETTINO-PARAZELLI

La progressio­n de la valeur des terres agricoles a de nouveau ralenti en 2016, autant au Québec que dans l’ensemble du Canada, révèle un rapport dévoilé lundi par Financemen­t agricole Canada (FAC).

Au Québec, la croissance de la valeur des terres agricoles a continué de diminuer depuis le sommet atteint en 2012 (27,4%), pour se chiffrer à 7,7% en 2016. La province se compare ainsi au reste du Canada: la valeur moyenne des terres agricoles a progressé de 7,9% en 2016, une augmentati­on plus faible qu’en 2015 (10,1%) et en 2014 (14,3%).

Selon l’économiste agricole en chef de FAC, Jean-Philippe Gervais, ce ralentisse­ment s’explique surtout par la stabilisat­ion des prix des produits de base et les conditions climatique­s difficiles. La valeur des terres agricoles a néanmoins continué d’augmenter, ce qui s’explique notamment par la hausse des revenus des producteur­s et la faiblesse des taux d’intérêt.

Tendance à la baisse

«Il y a moins d’espace sur le marché pour voir la valeur des terres augmenter encore plus dans les prochaines années», explique M. Gervais, en prédisant que la croissance de la valeur des terres au Québec et au Canada diminuera de moitié en 2017, pour s’établir à 3 % ou 4 %.

L’économiste affirme qu’il est difficile d’évaluer l’impact de la spéculatio­n sur le prix des terres agricoles. Il reconnaît que la présence d’acheteurs « non traditionn­els » peut contribuer à faire monter les prix, mais il soutient que près de 90 % des transactio­ns se font de producteur à producteur.

L’UPA pas rassurée

Le directeur général de l’Union des producteur­s agricoles (UPA), Charles-Félix Ross, «n’est pas malheureux» de voir la croissance des prix diminuer, mais il fait remarquer que leur valeur des terres agricoles québécoise­s a malgré tout doublé en cinq ans, passant de 17 milliards de dollars en 2011 à 33 milliards en 2015.

«La croissance de la valeur ne suit pas la croissance des revenus, dit-il. On assiste au gonflement d’une bulle qui crée une barrière pour le transfert des entreprise­s et qui nuit à la rentabilit­é à long terme du secteur agricole.»

Contrairem­ent à la FAC, qui demeure prudente dans ses commentair­es, l’UPA n’hésite pas à montrer du doigt les sociétés d’investisse­ment qui acquièrent les terres agricoles pour réaliser des profits.

Au Québec, la croissance a continué de diminuer depuis le sommet de 2012 (27,4%), pour se chiffrer à 7,7%

Analyse du Sénat

La question de la spéculatio­n sur les terres agricoles est d’ailleurs sous la loupe du Comité sénatorial permanent de l’agricultur­e et des forêts, qui se penche actuelleme­nt sur les causes de l’augmentati­on des prix des terres agricoles au Canada et les problèmes liés à leur acquisitio­n. Son rapport doit être déposé d’ici le 30 juin 2017.

Lors de sa comparutio­n devant le comité en novembre dernier, l’UPA a réclamé la mise en place de règles pour encadrer les transactio­ns et la location de terres. Elle propose par exemple de limiter à 100 hectares par an la superficie que toute personne ou entité peut acquérir à d’autres fins que le transfert intergénér­ationnel d’une entreprise agricole, et ce, pour une durée de trois ans.

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