Contraints à manger feuilles et semences
Nairobi — Des villageois sud-soudanais en sont réduits à manger des feuilles d’arbres ou des semences pour tromper leur faim dans des régions où la famine n’a pourtant pas encore été déclarée, a rapporté lundi l’organisation Norwegian Refugee Council (NRC).
«Les communautés qui tentent de survivre à une crise alimentaire aiguë ont recours à des stratégies d’adaptation consistant à manger des aliments sauvages à peine comestibles», a déclaré dans un communiqué la directrice du NRC pour le Soudan du Sud, Rehana Zawa.
«Les feuilles au goût amer mangées par les familles à qui nous avons parlé proviennent de l’arbre de Lalop et ont une valeur nutritionnelle limitée. Quand les familles mangent ces feuilles et quasiment rien d’autre, la malnutrition fait son apparition rapidement », a poursuivi Mme Zawar, de retour d’une mission près d’Aweil, dans l’ancien État de Bahr el Ghazal du Nord.
Le 20 février, le gouvernement avait déclaré l’état de famine dans les comtés de Leer et de Mayendit dans l’ancien État d’Unité, les Nations unies évaluant à 100 000 le nombre de personnes directement menacées.
Comportement alarmant
Les comtés visités par le NRC dans la région d’Aweil sont classés en zone à risque ou en zone d’urgence, les stades précédant la famine. La région avait été le théâtre d’une famine en 1998.
Dans le village d’Amothic, «environ 40% de la population mange les feuilles des arbres. Environ la moitié mange leur stock de graines», a déclaré le chef du village Deng Yel Piol, 48 ans.
«La consommation de semences est particulièrement alarmante. Sans graines pour les cultures, les familles n’auront rien à planter pour la prochaine saison. Cela pourrait aggraver la crise alimentaire et menace d’étendre la famine », a mis en garde le NRC.
De nombreuses familles fuient la région à la recherche de nourriture. Depuis le début de l’année, 60 000 Sud-Soudanais ont passé la frontière pour gagner le Soudan, selon l’ONU.
Les ONG et l’ONU dénoncent une famine causée par une guerre civile qui a forcé des populations à fuir, perturbé l’agriculture, engendré une inflation galopante et privé les organisations humanitaires d’accès à des régions parmi les plus touchées.