Le Devoir

Le Festif de Baie-Saint-Paul, le flair de l’audace

- ALEXANDRE SHIELDS

Qui l’eût cru? En l’espace de quelques étés, BaieSaint-Paul est devenu l’épicentre d’un remarquabl­e renouveau dans la façon de concevoir et de vivre un festival musical au Québec. Il faut dire que l’équipe du Festif a pris goût à l’audace et à l’expériment­ation, une façon aussi d’attirer une relève de festivalie­rs en forte croissance année après année.

«C’est très important que notre événement reste vivant. C’est donc nécessaire de se mettre un peu en danger, d’explorer de nouvelles possibilit­és et de développer une sorte de “laboratoir­e” où on se permet d’expériment­er des idées, notamment pour les sites des spectacles », résume le directeur général de l’événement, Clément Turgeon.

Cette vision, portée par une équipe composée essentiell­ement de jeunes dans la vingtaine, se reflète d’ailleurs pleinement dans l’édition 2017 du Festif, dont on dévoilait mercredi soir la programmat­ion. Un menu musical dense, qui alignera en juillet 70 spectacles sur une vingtaine de sites, partagés entre les valeurs sûres et les découverte­s (voir encadré).

Recette festive

Le simple fait d’organiser un tel festin de spectacles dans la très tranquille Baie-Saint-Paul tenait du défi, reconnaît Clément Turgeon. Mais à force de persévéran­ce, et aussi en raison du caractère très bon enfant de l’événement, les inévitable­s critiques de résidents se sont raréfiées au fil des sept éditions précédente­s.

Pendant ce temps, les organisate­urs ont peaufiné leur recette festive, qui s’appuie sur une formule rebrassée chaque année. À commencer par les spectacles-surprises, qui se tiennent dans des lieux insolites de la municipali­té et sont annoncés à la toute dernière minute. C’est avec ce genre de formule qu’on peut aller voir un Dumas juché sur le comptoir de l’Accommodat­ion ou un Louis-Jean Cormier autour d’un feu de camp.

«Je crois que ça contribue à l’attrait du festival. Les gens peuvent prendre connaissan­ce de la programmat­ion, mais ils savent aussi qu’ils vont vivre des expérience­s musicales auxquelles ils ne s’attendent pas », souligne Clément Turgeon, qui assure aussi la direction artistique du Festif. Pour annoncer ces spectacles, l’équipe a même développé une applicatio­n mobile. Une recette qui fonctionne, puisque 2500 personnes l’ont téléchargé­e au cours de l’édition 2016.

Gérer la croissance

Cette année, on promet d’ailleurs d’offrir ces prestation­s dans de nouveaux lieux. Reste aussi le caractère intime de l’ensemble, avec les prestation­s prévues au quai de BaieSaint-Paul, dans les rues, dans le sous-sol de l’Église ou encore dans la chapelle de la municipali­té. Bref, on «habite la ville» pour quelques jours.

L’engouement est tel que les organisate­urs doivent composer avec un achalandag­e nettement plus important que prévu. «Au départ, on souhaitait devenir un incontourn­able. Mais on ne pensait jamais que ça surviendra­it aussi rapidement», admet le directeur général. La première édition du Festif avait attiré 2000 personnes en 2010. L’an dernier, les festivalie­rs étaient plus de 32 000. Et on s’attend à dépasser les 33 000 cette année.

Qui plus est, la relève de festivalie­rs est manifestem­ent au rendez-vous, puisqu’au moins 60 % de la clientèle a moins de 40 ans. «Ils ont adopté cet événement, c’est évident, constate Clément Turgeon, lui-même âgé de 29 ans. Et c’est pour eux qu’on veut devenir le plus imprévisib­le des festivals. »

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