Le Devoir

Les experts en santé publique rejettent la prohibitio­n.

Les DSP soulignent que la lutte contre la marijuana n’aura jamais réussi à faire baisser la consommati­on

- AMÉLIE DAOUST-BOISVERT

La lutte contre la marijuana n’a jamais réussi à faire baisser la consommati­on.

Les experts en santé publique réagissent plutôt favorablem­ent au dépôt du projet de loi sur la légalisati­on du cannabis, même si plusieurs questions primordial­es demeurent en suspens, notamment en ce qui concerne la distributi­on de la drogue et le marketing qui sera autorisé.

Les directeurs de la santé publique du Québec ont appuyé la légalisati­on dans un mémoire publié au moment où le pays prenait connaissan­ce de la législatio­n fédérale proposée. Malgré l’existence d’effets négatifs sur la santé, les directeurs de la santé publique rejettent la prohibitio­n, car «en plus d’avoir échoué à diminuer substantie­llement le taux de consommate­urs, notamment chez les jeunes», cette dernière augmente les «impacts sanitaires et sociaux».

«Le plus gros risque de la légalisati­on concerne le modèle de commercial­isation», a indiqué la Dre Julie Loslier. Sans se prononcer sur le projet de loi en tant que tel, la directrice de la santé publique pour la Montérégie avait été désignée pour s’exprimer au nom de ses collègues, jeudi. «Il y a d’importants pièges à éviter, notamment la recherche de profit, ou la normalisat­ion de la consommati­on», a-t-elle averti.

«On vise la mise en place d’un système de commercial­isation à but non lucratif », renchérit le chercheur François Gagnon, de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Il remarque, à chaud, que le projet de loi fédéral ouvre la porte «à plusieurs aspects promotionn­els». «Il faudra voir comment Québec décidera d’encadrer le tout », observe-t-il. «Si on considère que l’emballage est un outil de promotion, on souhaite aussi que l’emballage neutre soit privilégié», ajoute sa collègue Maude Chapados.

Le Dr Mark Ware, qui a été vice-président du groupe de travail fédéral sur la légalisati­on et la réglementa­tion du cannabis, s’est dit jeudi globalemen­t «très satisfait» du projet de loi d’Ottawa. Alors qu’Ottawa propose qu’un taux de THC de moins de 2 ng par millilitre de sang soit accepté pour la conduite automobile, le groupe de travail ne s’était pas avancé sur une valeur précise.

«Le problème, c’est que nous sommes incapables de lier un taux dans le sang ou la salive au fait d’avoir les facultés affaiblies», explique François Gagnon. La substance étant détectable plusieurs jours après sa consommati­on, cela complique les choses.

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