Québec adopte la ligne dure sur les chiens « dangereux »
Les pitbulls seront interdits partout dans la province
Le gouvernement se prépare à interdire les pitbulls sur le territoire du Québec d’ici quelques mois et donne des pouvoirs étendus aux municipalités pour qu’elles puissent surveiller d’autres espèces.
«On va interdire les chiens de type pitbull», a fait savoir jeudi le ministre des Affaires municipales, Martin Coiteux. Quant aux autres espèces potentiellement dangereuses, le gouvernement se donne la «possibilité de le faire» plus tard. «Si on juge qu’on doit le faire, on le fera.»
Les autres animaux qui pourraient être interdits à moyen terme sont les rottweilers, les chiens issus d’un croisement de l’une de ces espèces, les chiens issus d’un croisement avec un loup et les chiens dressés pour le combat.
Cette annonce a causé une certaine surprise puisque le groupe de travail créé par le gouvernement pour le conseiller là-dessus n’avait pas recommandé qu’on interdise ces animaux. Par contre, s’est justifié le ministre, le comité « disait que les pitbulls étaient particulièrement dangereux ».
L’interdiction ne sera toutefois pas imposée tout de suite. Le gouvernement doit d’abord faire adopter son projet de loi encadrant tous les chiens (le projet de loi 128) et le faire étudier avant en commission parlementaire. Le décret interdisant les pitbulls sera imposé après, vraisemblablement d’ici l’été.
Les gens qui possèdent déjà un pitbull pourront le conserver, à condition qu’ils n’aient pas commis un acte criminel au cours des dernières années. Dans le cas contraire, a dit le ministre, leurs pitbulls devront être abattus.
Reste à savoir comment se comporteront les amateurs de ces chiens d’ici l’adoption du décret. Questionné sur la possibilité que les gens acquièrent ce genre de chiens en vitesse avant l’interdiction, le ministre a dit ne pas trop s’en inquiéter. S’acheter un tel animal reviendrait «à s’arranger pour avoir du trouble », a-t-il dit, ajoutant que même les propriétaires avec des droits acquis allaient avoir des contraintes.
Responsabilité aux villes
En effet, le projet de loi 128 donne aux villes le pouvoir de forcer un propriétaire à faire examiner son chien par un vétérinaire si elles jugent que l’animal présente un risque. Dans les cas où un chien a infligé une blessure mortelle ou lourde de conséquences à une personne, les municipalités pourront aussi ordonner l’euthanasie du chien. Enfin, les vétérinaires auront l’obligation légale d’aviser les villes des cas de morsures.
Et ce n’est pas tout, le gouvernement compte forcer l’ensemble des propriétaires de chiens à les enregistrer. Des amendes de 500$ à 20 000$ seront en outre imposées aux propriétaires récalcitrants.
À l’Assemblée nationale, la décision d’interdire les pitbulls n’a été dénoncée par personne, tout comme celle d’en priver les propriétaires ayant un passé criminel. La Coalition avenir Québec (CAQ) aurait toutefois aimé qu’on impose plus d’obligations aux propriétaires. « Le maître a peu de responsabilités, a déploré la députée Sylvie D’Amours. On agit sur le chien, pas sur le maître. »
Le gouvernement aurait pu par exemple forcer les propriétaires à suivre une formation avant de promener leurs chiens dans les lieux publics ou à identifier ceux-ci par une micropuce, a suggéré la députée. Un point de vue partagé par certaines écoles canines. «Il faut surtout forcer les propriétaires à être responsables », plaide le propriétaire d’un centre sportif canin de Québec, Daniel Renaud.
À ses yeux, les pitbulls n’auraient pas dû être interdits. « Il va y avoir d’autres races. Les gens vont se procurer d’autres chiens du genre. »
Le groupe de travail créé par le gouvernement pour le conseiller là-dessus n’avait pas recommandé qu’on interdise ces animaux