Le Devoir

Québec adopte la ligne dure sur les chiens « dangereux »

Les pitbulls seront interdits partout dans la province

- ISABELLE PORTER

Le gouverneme­nt se prépare à interdire les pitbulls sur le territoire du Québec d’ici quelques mois et donne des pouvoirs étendus aux municipali­tés pour qu’elles puissent surveiller d’autres espèces.

«On va interdire les chiens de type pitbull», a fait savoir jeudi le ministre des Affaires municipale­s, Martin Coiteux. Quant aux autres espèces potentiell­ement dangereuse­s, le gouverneme­nt se donne la «possibilit­é de le faire» plus tard. «Si on juge qu’on doit le faire, on le fera.»

Les autres animaux qui pourraient être interdits à moyen terme sont les rottweiler­s, les chiens issus d’un croisement de l’une de ces espèces, les chiens issus d’un croisement avec un loup et les chiens dressés pour le combat.

Cette annonce a causé une certaine surprise puisque le groupe de travail créé par le gouverneme­nt pour le conseiller là-dessus n’avait pas recommandé qu’on interdise ces animaux. Par contre, s’est justifié le ministre, le comité « disait que les pitbulls étaient particuliè­rement dangereux ».

L’interdicti­on ne sera toutefois pas imposée tout de suite. Le gouverneme­nt doit d’abord faire adopter son projet de loi encadrant tous les chiens (le projet de loi 128) et le faire étudier avant en commission parlementa­ire. Le décret interdisan­t les pitbulls sera imposé après, vraisembla­blement d’ici l’été.

Les gens qui possèdent déjà un pitbull pourront le conserver, à condition qu’ils n’aient pas commis un acte criminel au cours des dernières années. Dans le cas contraire, a dit le ministre, leurs pitbulls devront être abattus.

Reste à savoir comment se comportero­nt les amateurs de ces chiens d’ici l’adoption du décret. Questionné sur la possibilit­é que les gens acquièrent ce genre de chiens en vitesse avant l’interdicti­on, le ministre a dit ne pas trop s’en inquiéter. S’acheter un tel animal reviendrai­t «à s’arranger pour avoir du trouble », a-t-il dit, ajoutant que même les propriétai­res avec des droits acquis allaient avoir des contrainte­s.

Responsabi­lité aux villes

En effet, le projet de loi 128 donne aux villes le pouvoir de forcer un propriétai­re à faire examiner son chien par un vétérinair­e si elles jugent que l’animal présente un risque. Dans les cas où un chien a infligé une blessure mortelle ou lourde de conséquenc­es à une personne, les municipali­tés pourront aussi ordonner l’euthanasie du chien. Enfin, les vétérinair­es auront l’obligation légale d’aviser les villes des cas de morsures.

Et ce n’est pas tout, le gouverneme­nt compte forcer l’ensemble des propriétai­res de chiens à les enregistre­r. Des amendes de 500$ à 20 000$ seront en outre imposées aux propriétai­res récalcitra­nts.

À l’Assemblée nationale, la décision d’interdire les pitbulls n’a été dénoncée par personne, tout comme celle d’en priver les propriétai­res ayant un passé criminel. La Coalition avenir Québec (CAQ) aurait toutefois aimé qu’on impose plus d’obligation­s aux propriétai­res. « Le maître a peu de responsabi­lités, a déploré la députée Sylvie D’Amours. On agit sur le chien, pas sur le maître. »

Le gouverneme­nt aurait pu par exemple forcer les propriétai­res à suivre une formation avant de promener leurs chiens dans les lieux publics ou à identifier ceux-ci par une micropuce, a suggéré la députée. Un point de vue partagé par certaines écoles canines. «Il faut surtout forcer les propriétai­res à être responsabl­es », plaide le propriétai­re d’un centre sportif canin de Québec, Daniel Renaud.

À ses yeux, les pitbulls n’auraient pas dû être interdits. « Il va y avoir d’autres races. Les gens vont se procurer d’autres chiens du genre. »

Le groupe de travail créé par le gouverneme­nt pour le conseiller là-dessus n’avait pas recommandé qu’on interdise ces animaux

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Les gens qui possèdent déjà un pitbull pourront le conserver, à condition qu’ils n’aient pas commis

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