Recul des actions des producteurs canadiens
Les questions en suspens font baisser les titres, mais le milieu crie victoire
Déjà en baisse même avant la présentation officielle du projet de loi, les actions de plusieurs producteurs canadiens de marijuana médicale ont reculé encore plus jeudi, au fur et à mesure que les investisseurs comprenaient l’ampleur du chantier et les points qui demeurent en suspens.
Les producteurs, qui ont salué le projet de loi, ont été nombreux à accuser des reculs importants. Par exemple, le producteur albertain Aurora, qui a récemment acheté un site de production à PointeClaire, a glissé de 4%, alors que le groupe gatinois Hydropothicaire, qui a récemment sextuplé sa capacité de production annuelle à 3600 kilogrammes, a subi une baisse de près de 10%. Selon le Marijuana Index, les producteurs ont encaissé un recul global de 5,4 %.
Des hauts et des bas
Les baisses surviennent après des mois de progression constante alimentée par l’imminence du projet de loi, une poussée qui avait même soulevé la crainte d’une bulle à l’automne 2016. Mais il est possible que des investisseurs aient également décidé de sortir du marché en voyant, après l’annonce à 13 h, la complexité de ce qui devra être fait d’ici 2018, notamment au chapitre de la distribution, des prix et des enjeux de santé publique.
Un des gros producteurs canadiens, le groupe ontarien Canopy Growth, a profité de l’occasion pour réaffirmer son engagement sur les questions de responsabilité sociale. Pour chaque flacon d’huile de cannabis vendu, la compagnie s’est déjà engagée à remettre 1$ à des programmes visant à combattre les problèmes de consommation.
Mais le projet de loi évoque particulièrement l’enjeu de la conduite avec facultés affaiblies. «Nous savons que c’est un problème important dans le contexte de la légalisation de la consommation du cannabis à des fins récréatives, et en tant qu’entreprise, nous savons que nous devons contribuer à accroître la sensibilisation au moyen de campagnes indépendantes
percutantes, fondées sur des preuves », a écrit Canopy.
Annonce «historique»
Pour Aurora, l’annonce n’est rien de moins qu’un «moment historique » attribuable entre autres aux efforts des « pionniers de la communauté du cannabis». «Nous sommes témoins du début de la fin de la prohibition et de la création d’un cadre pour l’usage sécuritaire et réglementé» qui s’arrimera à de « l’investissement, de l’innovation et de la création d’emploi ».
Deloitte a estimé l’an dernier que le marché au détail pourrait valoir entre 4,9 et 8,7 milliards, selon le nombre d’usagers, le prix au gramme et la quantité consommée.
Les questions de sécurité et de salubrité devraient toutefois être précisées le plus rapidement possible, a estimé Aphria, un producteur basé en Ontario. «Cette importance est capitale étant donné la demande attendue qui viendra avec l’avènement d’un marché récréatif», a-t-il écrit. Les coûts d’un système de contrôle à la grandeur de l’industrie devraient être pris en charge par les producteurs autorisés, selon lui, et ce système reposerait sur des visites d’inspecteurs de Santé Canada.
À l’heure actuelle, une quarantaine de producteurs de marijuana médicale ont décroché des permis auprès de Santé Canada, dont un seul au Québec. La majorité d’entre eux sont situés en Ontario. Au cours des années, voire des derniers mois, l’imminence de la légalisation a donné lieu à des fusions et acquisitions parmi les producteurs désireux de prendre de l’expansion.