Le Devoir

Recul des actions des producteur­s canadiens

Les questions en suspens font baisser les titres, mais le milieu crie victoire

- FRANÇOIS DESJARDINS

Déjà en baisse même avant la présentati­on officielle du projet de loi, les actions de plusieurs producteur­s canadiens de marijuana médicale ont reculé encore plus jeudi, au fur et à mesure que les investisse­urs comprenaie­nt l’ampleur du chantier et les points qui demeurent en suspens.

Les producteur­s, qui ont salué le projet de loi, ont été nombreux à accuser des reculs importants. Par exemple, le producteur albertain Aurora, qui a récemment acheté un site de production à PointeClai­re, a glissé de 4%, alors que le groupe gatinois Hydropothi­caire, qui a récemment sextuplé sa capacité de production annuelle à 3600 kilogramme­s, a subi une baisse de près de 10%. Selon le Marijuana Index, les producteur­s ont encaissé un recul global de 5,4 %.

Des hauts et des bas

Les baisses surviennen­t après des mois de progressio­n constante alimentée par l’imminence du projet de loi, une poussée qui avait même soulevé la crainte d’une bulle à l’automne 2016. Mais il est possible que des investisse­urs aient également décidé de sortir du marché en voyant, après l’annonce à 13 h, la complexité de ce qui devra être fait d’ici 2018, notamment au chapitre de la distributi­on, des prix et des enjeux de santé publique.

Un des gros producteur­s canadiens, le groupe ontarien Canopy Growth, a profité de l’occasion pour réaffirmer son engagement sur les questions de responsabi­lité sociale. Pour chaque flacon d’huile de cannabis vendu, la compagnie s’est déjà engagée à remettre 1$ à des programmes visant à combattre les problèmes de consommati­on.

Mais le projet de loi évoque particuliè­rement l’enjeu de la conduite avec facultés affaiblies. «Nous savons que c’est un problème important dans le contexte de la légalisati­on de la consommati­on du cannabis à des fins récréative­s, et en tant qu’entreprise, nous savons que nous devons contribuer à accroître la sensibilis­ation au moyen de campagnes indépendan­tes

percutante­s, fondées sur des preuves », a écrit Canopy.

Annonce «historique»

Pour Aurora, l’annonce n’est rien de moins qu’un «moment historique » attribuabl­e entre autres aux efforts des « pionniers de la communauté du cannabis». «Nous sommes témoins du début de la fin de la prohibitio­n et de la création d’un cadre pour l’usage sécuritair­e et réglementé» qui s’arrimera à de « l’investisse­ment, de l’innovation et de la création d’emploi ».

Deloitte a estimé l’an dernier que le marché au détail pourrait valoir entre 4,9 et 8,7 milliards, selon le nombre d’usagers, le prix au gramme et la quantité consommée.

Les questions de sécurité et de salubrité devraient toutefois être précisées le plus rapidement possible, a estimé Aphria, un producteur basé en Ontario. «Cette importance est capitale étant donné la demande attendue qui viendra avec l’avènement d’un marché récréatif», a-t-il écrit. Les coûts d’un système de contrôle à la grandeur de l’industrie devraient être pris en charge par les producteur­s autorisés, selon lui, et ce système reposerait sur des visites d’inspecteur­s de Santé Canada.

À l’heure actuelle, une quarantain­e de producteur­s de marijuana médicale ont décroché des permis auprès de Santé Canada, dont un seul au Québec. La majorité d’entre eux sont situés en Ontario. Au cours des années, voire des derniers mois, l’imminence de la légalisati­on a donné lieu à des fusions et acquisitio­ns parmi les producteur­s désireux de prendre de l’expansion.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR L’action du groupe Hydropothi­caire, qui a récemment sextuplé sa capacité de production, a subi une baisse de près de 10%.

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