Le Devoir

Combattre le racisme sans tomber dans le panneau libéral

- CAROLE POIRIER Députée d’Hochelaga-Maisonneuv­e Porte-parole du Parti québécois en matière d’immigratio­n et de communauté­s culturelle­s

Dans Le Devoir du mercredi 12 avril, la chroniqueu­se Francine Pelletier, généraleme­nt plus critique des tactiques libérales, tombe dans le panneau. Pressé depuis février dernier par le chef du Parti québécois, JeanFranço­is Lisée, d’agir immédiatem­ent, dans la foulée de l’attentat de la mosquée de Québec, pour faire reculer le racisme et la discrimina­tion au Québec et pour favoriser l’intégratio­n en emploi, le Parti libéral a refusé cette main tendue et l’a remplacée par une commission — la sixième en dix ans — sur les problèmes liés à l’intégratio­n et au racisme.

Le piège est transparen­t. Après 12 ans au pouvoir, le gouverneme­nt libéral est responsabl­e d’avoir laissé pourrir les problèmes, dont le chômage élevé chez les Québécois d’adoption, la discrimina­tion avérée dans le logement et l’accès au travail, et la sous-représenta­tion de la diversité dans la fonction publique. Il avait pourtant, en 2006, demandé un rapport sur les moyens de lutter contre le racisme et la discrimina­tion; pourquoi l’a-t-il tabletté? On peut donc dire de ce gouverneme­nt qu’il est fermement planté dans le camp de l’inaction.

Déterminés à agir immédiatem­ent

Le Parti québécois propose l’adoption immédiate de 20 mesures, dont j’ai pu discuter directemen­t avec la ministre de l’Immigratio­n, Mme Kathleen Weil. Nous voulons dès maintenant des projets-pilotes de CV anonymes pour réduire la discrimina­tion à l’embauche. Le PLQ dit non. Nous inspirant de l’Ontario, nous voulons dès maintenant rendre illégal le critère d’une première expérience d’emploi au Canada pour obtenir un poste. Le PLQ dit non. Nous voulons trouver le moyen de sanctionne­r les employeurs ou propriétai­res récidivist­es de la discrimina­tion. Le PLQ dit non. Nous voulons légiférer, comme en France, pour assurer un parcours universita­ire commun de reconnaiss­ance des acquis. Le PLQ dit non. Nous voulons traduire dans une loi les éléments qui font consensus sur la laïcité. Le PLQ nous traite, tous, de xénophobes.

Mme Pelletier est donc loin du compte, ou mal informée, lorsqu’elle nous accuse de vouloir « balayer la discrimina­tion raciale sous le tapis ». Nous sommes au contraire déterminés à agir immédiatem­ent, ce qu’un nombre croissant de membres de la diversité reconnaiss­ent.

C’est plutôt le gouverneme­nt libéral qui, selon l’expression de Mme Pelletier, se « flatte la bedaine» en refusant de mettre en oeuvre des mesures concrètes. À 18 mois d’une nouvelle élection, le gouverneme­nt instrument­alise la tenue d’une commission sur le racisme et la discrimina­tion systémique pour justifier son inaction.

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