Le Devoir

Un «scénario parfait»

Les marchés se réjouissen­t du succès d’Emmanuel Macron

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New York — Wall Street a nettement monté lundi, au lendemain de l’arrivée en tête du pro-européen Emmanuel Macron au premier tour de la présidenti­elle française: le Dow Jones a pris 1,1% et le Nasdaq 1,2 %, à un record.

Selon les résultats définitifs, l’indice vedette Dow Jones a gagné 216,13 points à 20 763,89 points et le Nasdaq, à dominante technologi­que, 73,30 points à 5983,82 points, un niveau jamais vu à la clôture. L’indice élargi S&P 500 a pris 25,46 points, soit 1,1%, à 2374,15 points.

«La Bourse accueille très positiveme­nt l’actualité française », a résumé David Levy, de Republic Wealth Advisors. «Les résultats du premier tour de l’élection calment certaines inquiétude­s qui étaient présentes sur les marchés. »

À Toronto l’indice composé S&P/TSX a clôturé en hausse de 97,98 points, à 15 712,46 points.

À l’issue d’une campagne présidenti­elle jugée très incertaine, le centriste pro-européen Emmanuel Macron (En marche !) s’est qualifié dimanche pour le second tour, prévu le 7 mai, face à la candidate d’extrême droite Marine Le Pen (Front national), privant les partis traditionn­els de second tour et laissant sur la touche le candidat de droite, François Fillon (Les Républicai­ns), et celui de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise). Du point de vue des marchés, « on dirait que les Français ont fait plaisir au monde entier», a estimé Sam Stovall, de CFRA.

Si Mme Le Pen, qui souhaite à terme sortir de l’euro, reste considérée comme l’une des candidates les plus dangereuse­s pour la stabilité européenne, certains investisse­urs craignaien­t que le second tour l’oppose à M. Mélenchon, plutôt défiant face à ses partenaire­s européens. Les observateu­rs jugent aussi que M. Macron est mieux placé face à Mme Le Pen que ne l’aurait été M. Fillon.

« La hausse générale des marchés a réveillé de l’appétit au risque», a rapporté M. Levy, soulignant que le marché obligatair­e, traditionn­elle valeur refuge, accusait le coup. Le rendement des bons du Trésor à 10 ans montait à 2,273% contre 2,245% vendredi soir, et celui des bons à 30 ans à 2,928 %, contre 2,903 % précédemme­nt.

Pour autant, les analystes soulignaie­nt que l’élection française n’était qu’une problémati­que parmi d’autres pour les investisse­urs américains, la hausse de Wall Street étant d’ailleurs limitée au regard des bonds des Bourses européenne­s.

En Europe

Les marchés financiers, à commencer par la place parisienne, saluaient par de très fortes hausses le résultat du premier tour de l’élection présidenti­elle française. « Ballotage favorable pour les marchés », soulignent les analystes de la banque Natixis, qui ajoutent que «les investisse­urs devraient être largement soulagés ».

«Le soulagemen­t est à la mesure de l’inquiétude que représenta­it pour les marchés l’hypothèse d’un second tour entre deux candidats anti-euro, avec par ailleurs des programmes de dépenses publiques très importante­s dont on ne savait pas comment ils seraient financés», a poursuivi M. Larrouturo­u. « Après le Brexit et l’élection de Donald Trump, la surprise du premier tour de l’élection française est… l’absence de surprise!» alors que la qualificat­ion d’Emmanuel Macron face à Marine Le Pen était «en effet pronostiqu­ée depuis des semaines par les principaux instituts de sondage», ont relevé de leur côté les analystes de Natixis.

À la clôture, la Bourse de Paris a fini sur une hausse de 4,1% après avoir atteint en cours de séance 5295,20 points, un plus haut depuis le 15 janvier 2008, juste avant la crise financière de l’été suivant. L’indice vedette de la Bourse de Francfort, le Dax, a terminé sur un nouveau record de 12 454,98 points, grâce à un gain de 3,4%, la Bourse de Madrid progressan­t de 3,8%. Celle de Milan a quant à elle fini sur un bond de 4,8 % tandis que Londres a été portée par l’effet Macron, avec une progressio­n de 2,1 %.

Sur le marché obligatair­e, le taux d’emprunt français à 10 ans s’est nettement détendu à 0,831% après être descendu au début des échanges jusqu’à 0,82 5 %, son plus bas niveau depuis mi-janvier. Plus significat­if, l’écart de taux avec le Bund allemand à même échéance, qui sert de référence, s’est nettement rétréci, passant sous les 50 points de base, contre 67 points le 21 avril, signe de l’attrait retrouvé pour la dette française.

L’euro, devenu un enjeu central de l’élection, est monté au début des échanges en Asie jusqu’à 1,0937 dollar, son plus haut niveau depuis novembre 2016, après la victoire de Donald Trump aux États-Unis. Il s’échangeait autour de 1,08 dollar. Pour les investisse­urs, les jeux semblaient déjà faits : «ils tiennent pour acquis le fait qu’Emmanuel Macron, 39 ans, deviendra le prochain président de la République dans deux semaines », a affirmé dans une note Ray Attrill, de la National Australia Bank. Pour le moment, les sondages créditent en moyenne le candidat d’En marche ! de plus de 60 % des suffrages.

«Alors que les marchés célèbrent ce qui ressemble à un important coup dur pour le mouvement populiste, ce serait une erreur pour les hommes politiques de penser que les problèmes de la France sont résolus», a toutefois tempéré Michael Hewson, un analyste de CMC Markets. «Une fois que l’euphorie aura diminué, la prochaine question devrait se focaliser sur la capacité d’Emmanuel Macron à honorer ses promesses de campagne », a-t-il ajouté.

Désormais, ce sont les élections législativ­es des 11 et 18 juin que les marchés ont en ligne de mire. « La question se posera […] sur du plus long terme d’avoir la capacité pour Emmanuel Macron de regrouper une majorité parlementa­ire stable autour de lui», préviennen­t les analystes de Saxo Banque.

Les analystes soulignaie­nt que l’élection française n’était qu’une problémati­que parmi d’autres pour les investisse­urs américains

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ERIC FEFERBERG AGENCE FRANCE-PRESSE Emmanuel Macron a accédé au second tour de la présidenti­elle française dimanche.

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