Le Devoir

La Banque centrale rassure sur la croissance

- JEAN-PHILIPPE LACOUR

Francfort — La Banque centrale européenne a estimé jeudi que la reprise économique en zone euro était de plus en plus solide et moins entachée de risques, mais sans laisser présager une fin prochaine de sa politique très inter ventionnis­te.

Les chiffres récents «confirment que la reprise cyclique de l’économie de la zone euro est de plus en plus solide et que les risques ont continué à diminuer », a déclaré Mario Draghi, le président de l’institut monétaire, lors d’une conférence de presse à Francfort. La reprise est «solide et large» dans l’ensemble de la zone géographiq­ue, a insisté le banquier italien, mais l’inflation en zone euro demeure à un niveau inférieur à celui désiré par l’institutio­n.

En mars, l’inflation en zone euro a reflué à 1,5% par rapport au chiffre de 2% affiché un mois auparavant, lequel était conforme à l’objectif de la BCE à moyen terme d’une progressio­n des prix à la consommati­on légèrement inférieure à 2%. Mais pour M. Draghi, l’inflation doit «converger durablemen­t» vers les 2%, un message laissant clairement entendre que l’institut monétaire juge prématuré d’infléchir sa politique de soutien à l’économie.

De fait, la BCE n’a touché jeudi ni à ses taux directeurs, à leur plus bas niveau historique depuis mars 2016, ni à son vaste programme de rachats de dettes, le «QE», lancé en mars 2015. La BCE a par ailleurs promis de garder ses instrument­s traditionn­els, les taux, à leur très bas niveau pendant encore longtemps et elle n’envisage pas de les modifier avant la fin du programme d’achats de dettes.

Risques

Concernant les risques pesant sur la croissance en zone euro, la BCE considère d’ailleurs qu’ils sont moins liés à des facteurs nationaux qu’à des éléments mondiaux, comme la montée du protection­nisme. Avec prudence, après la réunion de printemps du FMI, M. Draghi estime cependant que la ligne protection­niste du gouverneme­nt Trump est en train de s’atténuer.

Le patron de l’institutio­n de Francfort s’est montré indifféren­t aux critiques de plus en plus vives venues en particulie­r d’Allemagne, où des élections générales se tiendront en septembre et où le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, a récemment égratigné la politique très interventi­onniste de la BCE. L’économiste allemand Marcel Fratzscher, président de l’institut DIW, a défendu quant à lui la ligne de M. Draghi, mais a craint qu’elle ne soit « instrument­alisée » lors de la campagne législativ­e pour « créer un sentiment anti-européen» et «rendre la BCE responsabl­e des erreurs de la politique», selon un communiqué.

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PATRIK STOLLARZ AGENCE FRANCE-PRESSE Une usine Mercedes en Allemagne

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