Le Devoir

La Caisse de dépôt avait ses exigences

SNC-Lavalin a dû consentir à quelques compromis en matière de gouvernanc­e et de maintien du siège social pour acquérir la société londonienn­e

- JULIEN ARSENAULT

Afin d’obtenir le prêt de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) visant à financer l’acquisitio­n de la firme londonienn­e WS Atkins, SNC-Lavalin a dû se plier à des conditions de l’institutio­n en matière de gouvernanc­e et de maintien du siège social.

Ces détails figurent dans des documents récemment déposés auprès des autorités réglementa­ires concernant le prêt de 1,5 milliard consenti par la CDPQ, qui achètera aussi pour 400 millions de nouvelles actions. Le prêt est garanti par la valeur et les flux de trésorerie de la participat­ion de SNC-Lavalin dans le projet de l’autoroute 407 ETR.

Ainsi, pour les sept prochaines années — soit la durée du prêt —, SNC-Lavalin devra maintenir son siège social et la prise de décisions stratégiqu­es à Montréal. Tout comme la majeure partie de l’équipe de direction, le président et chef de la direction de la multinatio­nale devra également résider au Québec, ce qui est déjà le cas pour Neil Bruce, en poste depuis 2015. «Ce n’est aucunement parce que nous envisageon­s de déménager, a expliqué un porte-parole de SNC-Lavalin, Louis-Antoine Paquin. Nous sommes clairs sur cet aspect. Les conditions, comme celle entourant le maintien du siège social dans la métropole, ne sont pas contraigna­ntes. Nous sommes ici et allons le demeurer.»

De plus, la compositio­n du conseil d’administra­tion devra dépasser les exigences légales en matière de représenta­tivité québécoise et canadienne. Actuelleme­nt, 9 des 12 candidats qui solliciten­t un mandat résident au pays, dont 4 au Québec.

Autant chez SNC-Lavalin qu’à la CDPQ, on affirme que les négociatio­ns se sont bien déroulées et que les conditions conviennen­t aux deux parties. «On parle d’une entente qui consacre la volonté commune des deux parties de renforcer la position de SNC-Lavalin comme champion mondial établi à Montréal», a affirmé le directeur principal des relations avec les médias pour la CDPQ, Maxime Chagnon. Le 20 avril, SNC-Lavalin a annoncé la plus importante acquisitio­n de son histoire en allongeant 3,6 milliards $CAN pour mettre la main sur WS Atkins, ce qui devrait permettre à l’entreprise québécoise de générer un chiffre d’affaires annuel d’environ 12 milliards tout en faisant passer la taille de son effectif de 35000 à 53000 employés. Cette transactio­n permettra aussi à SNC-Lavalin d’effectuer une importante percée en Europe, une région qui n’a représenté que 5,3 % de son chiffre d’affaires l’an dernier. En plus de l’aide de la Caisse, la firme de génie québécoise compte financer le reste de l’acquisitio­n par des emprunts ainsi que par un placement privé réalisé auprès du public.

La CDPQ est actuelleme­nt le plus important actionnair­e de la multinatio­nale, avec 18,5 millions d’actions, soit 12,3% des titres en circulatio­n. Cette participat­ion devrait grimper à 15,01% une fois que la Caisse aura effectué l’acquisitio­n de 400 millions en capital-actions.

Des avancées

En vertu des modalités du prêt, tant que la CDPQ détiendra au moins 10% des actions en circulatio­n, elle aura le droit de proposer un candidat au conseil d’administra­tion. Cette personne se retrouvera sur la liste soumise par SNCLavalin à ses actionnair­es pour le vote. « La possibilit­é de proposer un administra­teur est un droit fréquent lorsqu’un actionnair­e détient un pourcentag­e significat­if des actions»,a affirmé M. Chagnon, soulignant au passage que la Caisse détient ce droit dans bon nombre de sociétés dont elle est actionnair­e.

La CDPQ est actuelleme­nt le plus important actionnair­e de la multinatio­nale, avec 18,5 millions d’actions, soit 12,3% des titres en circulatio­n

 ?? OLIVIER ZUIDA LE DEVOIR ?? Pour les sept prochaines années, SNC-Lavalin devra maintenir son siège social et la prise de décisions stratégiqu­es à Montréal
OLIVIER ZUIDA LE DEVOIR Pour les sept prochaines années, SNC-Lavalin devra maintenir son siège social et la prise de décisions stratégiqu­es à Montréal

Newspapers in French

Newspapers from Canada