Éclosion de jeunes surdoués à l’horizon
Le concours musical Piano 2017 prend son envol cette semaine à Montréal
C’est dans la semaine qui vient que démarrera Piano 2017, l’édition annuelle du Concours musical international de Montréal. Ayant suscité un nombre record de plus de 300 candidatures, elle se tiendra du 2 au 12 mai à la salle Bourgie et à la Maison symphonique.
Il y a quelques jours, les organisateurs du Concours musical international de Montréal (CMIM) ont eu la reconnaissance de leur travail de la part des élus du comité exécutif de la Ville de Montréal. Ces derniers ont autorisé, le 13 avril, lors de leur séance hebdomadaire, un soutien financier de 350 000$ jusqu’en 2020. Le montant couvre une somme dédiée à l’accueil du congrès de la Fédération mondiale des concours internationaux de musique, qui se déroulera en parallèle des finales de Piano 2017 et, surtout, une dotation de 100 000$ consolidant la tenue des éditions futures.
C’est justice pour une manifestation ambassadrice de la ville de Montréal et du Québec. Measha Bruegergosman, Joseph Kaiser, David Fray, Yossif Ivanov, Beatrice Rana, Benjamin Beilman, Nareh Arghamanyan, Charles Richard-Hamelin, la soprano Hyesang Park ou le ténor Keon-woo Kim: tous ont été révélés à Montréal et en sont conscients, tous sont au début d’une très belle carrière, tous sont les porte-parole indéfiniment reconnaissants de l’accueil québécois.
Un positionnement intéressant
C’est presque par hasard, lors des premières éditions du CMIM, que s’est dessinée, notamment avec le violoniste Yossif Ivanov — lauréat ici à 16 ans en 2003, avant de glaner la 2e place au concours Reine Élisabeth de Bruxelles en 2005 —, une sorte de positionnement du CMIM sur l’échiquier des concours internationaux comme l’endroit où de jeunes surdoués viendraient éclore avant de confirmer leur place dans un des «Top 5» des concours du monde.
Le schéma a été reconduit avec Charles Richard-Hamelin, bien sûr, 2e de Piano 2014 et 2e du Concours Chopin en 2015, avec Beatrice Rana, lauréate de Piano 2011 et 2e au Concours Van Cliburn 2013, et enfin avec le ténor Keon-woo Kim, qui a remporté Operalia 2015 (le fameux concours organisé par Plácido Domingo) deux mois après le CMIM.
L’administration municipale a eu bien raison d’écrire dans son communiqué: «La réputation du Concours musical international de Montréal dépasse largement nos frontières et contribue à la réputation enviable de Montréal, métropole culturelle. » À entendre l’émouvant témoignage de la Coréenne Hyesang Park lors de son récent récital à la salle Bourgie, ce ne sont pas de vains mots.
L’édition 2017 du CMIM réunira 24 jeunes pianistes : 6 femmes et 18 hommes issus de 15 pays et d’une moyenne d’âge de 26 ans. Le contingent le plus important vient (c’est désormais monnaie courante) de la Corée du Sud, avec sept candidats. On trouve aussi trois Français et trois Italiens. Le seul Canadien de Piano 2017 est Teo Gheorghiu. Totalement inconnu ici, fils d’un Roumain et d’une Canadienne, il est surtout très Suisse, pays où il est né, a grandi et où il est reconnu depuis dix ans comme le héros du film Vitus, sur un jeune pianiste surdoué. Ce film sera d’ailleurs projeté cet été au festival Orford Musique.
Un calendrier serré
304 candidatures: c’est la première fois que le CMIM part d’un choix aussi vaste. Charles Richard-Hamelin n’est peut-être pas étranger à la chose, car les prestations du pianiste québécois au Concours Chopin ont été fort remarquées. La probabilité de trouver une perle rare a donc augmenté en conséquence. Car il ne faut pas se leurrer: malgré le très haut niveau, la vraie carrière internationale est réservée à un cercle très réduit d’élus. C’est pour cela que le CMIM peut faire la fierté de Montréal: les concours alignant, autant que le CMIM, des noms de jeunes artistes qui ont vraiment percé, tels David Fray, Nareh Arghamanyan, Beatrice Rana et Charles Richard-Hamelin en piano, se comptent sur les doigts d’une main.
Le principe du CMIM est de retenir 24 candidats, de passer à 12 après une première épreuve (du 2 au 4 mai, avec des séances à 14 h et 19 h 30 à la salle Bourgie). Ces 12 demifinalistes joueront des récitals les 6 et 7 mai (séances à 14 h et 19h30) à la salle Bourgie. Notons que la Laurentienne no 2 d’André Mathieu y sera l’oeuvre canadienne imposée.
Les six finalistes se produiront les 9 et 10 mai, à 19 h 30 en concerto à la Maison symphonique avec l’Orchestre symphonique de Montréal, placé sous la direction du chef allemand Claus Peter Flor. Le concert de gala aura lieu le 12 mai à 19 h 30. Il permettra d’entendre le vainqueur de Piano 2017, ainsi que trois anciens PremiersPrix: la soprano Measha Brueggergosman (2002), le pianiste Serhiy Salov (2004) et le violoniste Benjamin Beilman (2010).
Le jury présidé par André Bourbeau, cofondateur du CMIM (avec la basse Joseph Rouleau), sera composé des pianistes Idil Biret, Dang Thai Son, Alain Lefèvre, Hélène Mercier, Pedja Muzijevic, David Owen Norris, Cristina Ortiz et Gabriel Tacchino et de l’imprésario R. Douglas Sheldon. Il distribuera plus de 125 000 $ en prix et bourses.
Parmi les singularités de Piano 2017, on notera le choix du répertoire des candidats puisque de mémoire d’observateur, c’est bien le premier concours dont je témoigne pour lequel aucun candidat n’a prévu de jouer le 3e Concerto de Rachmaninov ou le 2e Concerto de Prokofiev en finale. Par contre, le 1er Concerto de Tchaïkovski a toujours la cote, ralliant les faveurs de 7 des 24 élus. PIANO 2017 Du 2 au 12 mai 2017. Quarts de finale et demi-finales à la salle Bourgie. Finale et gala à la Maison symphonique de Montréal. Toutes les épreuves du CMIM et le concert gala seront diffusés en direct sur le site du concours. La finale et le gala seront diffusés en direct et disponibles pendant trois mois à medici.tv.