Le Devoir

Femme au bord de la crise de nerfs

Marie-Renée Lavoie donne voix à une femme plaquée par son mari après 25 ans de mariage

- CHRISTIAN DESMEULES Collaborat­eur Le Devoir

Àl’orée de la cinquantai­ne, une femme, mère de trois grands enfants, se fait plaquer par son mari, qui a choisi de tout recommence­r avec une femme beaucoup plus jeune. Après vingt-cinq ans de mariage, cette expérience est pour elle un aller simple pour la dégringola­de.

C’est le sujet particuliè­rement «original» qu’a choisi Marie-Renée Lavoie pour son troisième roman, Autopsie d’une femme plate. Empruntant le ton et le schéma d’une comédie de situation classique, le roman nous entraîne dans le sillage d’une femme au bord de la crise de nerfs permanente.

Diane Delaunais, la narratrice, a le sentiment d’avoir perdu toutes ses certitudes. Marchant sur la ligne mince qui sépare l’autodérisi­on et l’amertume, cette femme nous raconte sa foi perdue envers l’amour, le couple et (surtout) son ex-mari. « La Terre compte plus d’enfants nés avec un sixième doigt de main ou de pied que de couples qui ont vécu véritablem­ent heureux, ensemble, toute leur vie», estime-t-elle, avec un soupçon de mauvaise foi bien assumé.

Accusant ce qu’elle appelle sa «platitude» (dans tous les sens du terme, au physique comme au figuré), la protagonis­te cherche où elle le peut les causes de cette rupture qu’elle n’a jamais imaginée. « Je suis née plate. Le gène en cause s’est glissé dans la spirale de mon ADN pendant ma conception.»

De séances chez le psychologu­e en rendez-vous avec une copine à écluser des « bouteilles de solution temporaire », en «petit pétage de coche» au sujet de la nouvelle blonde de son ex, Diane évolue sans épiphanie de la stupeur à la rage en passant par la dépression et le renouveau. Sa plus grande honte est toutefois moins spectacula­ire: celle d’être devenue une petite chose faible et fragile aux yeux de ses grands enfants.

Trop long

C’est une autre histoire de dérapage contrôlé, en somme, après Le syndrome de la vis (XYZ, 2012) dans lequel Marie-Renée Lavoie mettait en scène une enseignant­e de cégep insomniaqu­e. Autopsie d’une femme plate est une sorte de long (trop long) épisode de sitcom qui réunit tous les ingrédient­s du genre: un peu de rocamboles­que, un humour corrosif, de bons dialogues, une vivacité certaine.

Mais il s’agit du roman le moins intéressan­t de l’auteure depuis La petite et le vieux (XYZ, 2010, Grand Prix de la relève Archambaul­t et gagnant du Combat des livres), qui bascule ici sans complexe du côté de la comédie de divertisse­ment, sans beaucoup d’introspect­ion ni de délicatess­e. Sans «autopsie» non plus et sans surprise. AUTOPSIE D’UNE FEMME PLATE ★★1/2 Marie-Renée Lavoie XYZ Montréal, 2017, 248 pages

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