La culture scientifique pour contrer les « trumperies »
« J’ai toujours été convaincu de l’importance de la culture scientifique et de la recherche qui répond aux défis de la société», déclare Frédéric Bouchard, président de l’Association francophone pour le savoir (Acfas).
Mais la découverte qu’on a tous faite au cours de l’année écoulée, poursuit-il, c’est à quel point la culture scientifique est devenue un enjeu de démocratie. «On commence à voir à quel point la santé de nos démocraties dépend d’informations de qualité sur tous les enjeux », explique-t-il.
Voilà pourquoi, lorsque l’Université de Lorraine a pressenti l’Acfas pour que celle-ci organise la première édition nord-américaine des Journées internationales de la culture scientifique (JICS), «on a sauté sur l’occasion puisque partager la culture scientifique fait partie de notre mandat», rapporte avec enthousiasme ce professeur de philosophie de l’Université de Montréal.
La communication à l’ère de Trump
Frédéric Bouchard se réjouit tout particulièrement de ce que les JICS soient une occasion d’échanges sur les meilleures pratiques en culture scientifique. En effet, ces journées ne rassembleront pas que des journalistes, vulgarisateurs et chercheurs passionnés de culture scientifique, mais également le public.
Ces trois Journées internationales de la culture scientifique auront lieu du 4 au 6 mai, à l’Université McGill. D’envergure internationale, elles rassembleront les divers acteurs du secteur culturel et entrepreneurial, ainsi que les décideurs publics et passionnés de science.
Plus spécifiquement, il s’agira de journées d’échanges, de discussions, d’information et de formation, ainsi que de réflexions sur les meilleures façons d’utiliser les technologies numériques pour diffuser la connaissance scientifique.
On y présentera quatre grandes conférences, vingt panels de discussion, quatre ateliers de formation ainsi que de nombreuses activités grand public.
«Les JICS sont un lieu où on pourra échanger nos bons trucs et nos bonnes recettes, mais également partager ce qui n’a pas bien marché, précise Frédéric Bouchard. Je dirais que c’est un rassemblement unique en son genre, un événement où on pourra vraiment échanger sur la façon de rejoindre des communautés qui sont peut-être moins bien desservies.»
Parmi les vingt panels de discussion, mentionnons celui organisé par l’Association des communicateurs scientifiques du Québec (ACS) qui pose la très pertinente question: quel espoir pour la science et la communication scientifique à l’ère de Trump?
Ce panel de discussion traitera bien sûr de ce qui se passe aux États-Unis, mais également des solutions qui peuvent être mises en place à court et à long terme pour assurer la communication scientifique. Que doit-on faire pour maintenir une bonne circulation de l’information entre les chercheurs, les journalistes et le grand public ? se demandera-t-on.
L’expertise québécoise
Frédéric Bouchard souligne que le Québec possède une excellente expertise dans la diffusion de la culture scientifique.
«L’expertise québécoise en culture scientifique est reconnue à travers la francophonie, dit-il. Nous avons une grande vitalité de journalisme scientifique grâce à des médias comme Les Débrouillards, Québec Science, l’Agence Science Presse et Le Devoir, de même que par l’entremise de nos activités à l’Acfas — Science-moi!, Ma thèse en 180 secondes, La preuve par l’image — ainsi que grâce à quantité d’organismes de toute nature qui oeuvrent superbement en culture scientifique.»
Selon le président de l’Acfas, le Québec bénéficie d’un véritable écosystème qui est même de plus en plus reconnu et imité dans toute la francophonie. En conséquence, les Journées internationales de la culture scientifique seront «une magnifique occasion pour nous de montrer qu’on a quelque chose à partager, dit-il. Et c’est en même temps pour nous l’occasion d’apprendre ce qui se fait ailleurs dans le monde».
M. Bouchard ouvre ainsi une avenue intéressante à explorer: «La recherche scientifique s’internationalise de plus en plus et il est donc évident que le milieu de la culture scientifique devrait lui aussi s’internationaliser. Mais comment peut-on créer des échanges internationaux en culture scientifique? demande-t-il. Ne faut-il pas créer des espaces où les gens se rencontrent, élaborer des partenariats ou des initiatives de collaboration… ce que vont justement permettre les JICS ? »
Rien de tel que la culture scientifique!
«L’expertise québécoise en culture scientifique est reconnue à travers la francophonie»
La culture scientifique est une source d’émerveillement, de passion et d’épanouissement pour tout le monde, estime Frédéric Bouchard, et c’est en plus un précieux outil pour qu’on prenne tous des décisions éclairées, que ce soit dans notre vie personnelle comme pour le devenir de la société.
Pourtant, souligne le scientifique, ces dernières années, «différentes tendances indiquaient que la recherche scientifique était moins prise en compte dans les décisions publiques alors que, au contraire, la désinformation prend de plus en plus de place».
« Mais on dirait que, c’est lorsqu’on risque de perdre quelque chose que, bien souvent, on réalise son importance, rappelle ce philosophe. Ainsi donc, en ces temps où la science est dénigrée par certains, on réalise son importance.»
Et pour M. Bouchard, il n’y a pas beaucoup de choses dans la société qui soient aussi importantes que la culture scientifique. « Des choses qui contribuent autant à l’épanouissement des individus et des sociétés, je n’en connais pas beaucoupd’autres!» lance-t-il.
«En conséquence, je pense que tous les mordus de culture scientifique vont “triper” aux JICS! Je pense qu’on va tous adorer échanger avec ceux et celles qui génèrent la culture scientifique. »
Et puisque cette première édition nord-américaine des JICS ne reviendra pas de sitôt à Montréal, M. Bouchard nous prévient: « C’est un événement dont il faut profiter cette année!»